Le 15 décembre 2019, lors du sommet extraordinaire du G5 Sahel tenu à Niamey, le Tchad a décidé l’envoi d’un bataillon au fuseau centre, dans la «zone des trois frontières» (entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger). Il l’a réitéré lors du sommet de Pau, en France, le 13 janvier 2020. Ce second bataillon était à Diffa, au Niger, lorsque la secte terroriste Boko Haram avait attaqué des positions de l’armée tchadienne, le 23 mars 2020, sur l’ile de Bohoma, tuant près de 100 soldats. Le déploiement a été ajourné, les soldats ont rebroussé chemin pour participer à la «colère de Bohoma». Cette opération, menée d’une main de maître par le Maréchal Déby lui-même, a permis d’éliminer un millier de terroristes et de nettoyer Boko Haram des parties tchadiennes du lac Tchad.
En marge du sommet de N’Djaména, le chef de l’Etat tchadien a annoncé à ses pairs de la région l’envoi de 1.200 soldats tchadiens dans la «zone des trois frontières». C’est le deuxième contingent que le Tchad met à la disposition du G5 Sahel; 750 soldats sont déjà déployés à Wour dans le nord du pays.
Pendant que les rideaux tombaient sur la première journée du sommet des chefs d’Etat, les 1.200 soldats tchadiens se trouvaient déjà à Nguigmi, à la frontière entre le Tchad et le Niger. Le ministre tchadien délégué à la Défense, le général Mahamat Abali Salah, et ses homologues du G5 Sahel, ainsi que le chef d’Etat-major général des armées, sont allés les galvaniser.
«Quand je vois ces hommes, je suis sûr que nous allons gagner cette guerre. Je pense que le rythme s’accélère sur le terrain», s’est réjoui le ministre mauritanien de la Défense, Hanena Ould Sidi. «Nous sommes convaincus qu’avec la présence tchadienne, les données vont changer», a renchéri le nigérien Issoufo Katambe.
L’Afrique peut protéger l’Afrique
Pris individuellement, aucun État du Sahel ou du monde ne peut vaincre le terrorisme. C’est pourquoi le Maréchal du Tchad a toujours été convaincu que la mutualisation des efforts reste la seule option pour combattre le terrorisme dans la bande sahélienne. L’armée tchadienne a été la première à se lancer, en 2013 aux côtés de la France, pour stopper l’avancée des groupes djihadistes et terroristes dans le nord du Mali. Depuis, elle y est restée et fournit aujourd’hui des troupes à la Mission multidimensionnelle des Nations unies au Mali (Minusma). Elle participe également à la Force multinationale mixte (FMM) qui, depuis 2015, combat Boko Haram dans le bassin du lac Tchad. En déployant un deuxième contingent dans la «zone des trois frontières», le Maréchal du Tchad montre, une nouvelle fois, que les Africains peuvent protéger les Africains, que l’Afrique peut sauver l’Afrique du terrorisme.
Invité spécial du sommet de N’Djaména, l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, a salué le leadership tchadien. «La sécurité précède le développement», disait l’inoubliable Cheikh Anta Diop. La sécurité sert le développement. Un pays comme le Tchad l’a compris et a versé le sang de ses enfants au Mali, au Nigeria, au Niger et au Cameroun, dans un élan panafricaniste sans précédent dans le continent. Honneur au peuple tchadien! Honneur à ses soldats! Honneur à son leader!».
Le diplomate sénégalais qui dirige aujourd’hui l’Institut panafricain de stratégies, paix, sécurité et gouvernance, a exhorté vivement les pays africains à s’unir et mettre rapidement sur pied une armée africaine, avec des troupes d’élite, des forces spéciales bien équipées et entrainées, pour faire face au terrorisme. «Nkrumah (ancien président ghanéen et chantre du panafricanisme, Ndlr) voulait, dès 1963, une armée africaine. Nous avons attendu 58 ans plus tard sans mettre en œuvre sa directive. Nous devons enfin répondre à son interpellation», a insisté Gadio. En véritable patron du Sahel et du bassin du lac Tchad, le Maréchal du Tchad montre la voie vers cette armée continentale.
Source Tchad info