Avec « Le Tambour des larmes », le romancier mauritanien Beyrouk signe un texte envoûtant dans lequel les femmes paient cher leur liberté d’aimer et où le monde nomade doit faire face à la modernité.
C ‘ est une histoire de viols au pays des Maures. Celui du cœur de la belle Rayhana, de haut lignage puisque issue de la tribu des Oulad Mahmoud, séduite puis abandonnée par un non moins bel ingénieur. Celui de la maternité de Rayhana, à laquelle son implacable mère vole le « petit cœur », fruit de ces amours interdites. Enfin, celui du Sahara par le monde moderne, qui en bafoue les chaudes traditions nomades autant qu’il y apporte la liberté urbaine. Le Tambour des larmes n’est pas une bluette !
Avec ce roman, M’Barek Ould Beyrouk continue à confronter le passé et le présent, la tradition et la justice, confrontation dramatique qu’il avait déjà mise en scène dans Et le ciel a oublié de pleuvoir (2006), Nouvelles du désert (2009) et Le Griot de l’émir (2013).
Une fois de plus, c’est une femme qui cristallise toutes les contradictions. La fière Lolla, héroïne d’Et le ciel, est la sœur jumelle de Rayhana. Toutes deux refusent d’aliéner leur liberté d’aimer ; toutes deux le paient cher.
Lolla proclame : « Je n’appartiendrai ni aux tentes blanches des seigneurs des sables ni au mobilier cossu des citadins parvenus », et Rayhana vole le tambour sacré de sa tribu pour la punir – on pourrait dire « l’émasculer » – du vol de son enfant, mais vient s’échouer à Nouakchott, « où l’on ne respire pas ». Ces deux rebelles sont prêtes à mourir pour une justice qui transcende celle des tribus.
Source : Jeune Afrique