Dans le cadre de la Semaine nationale de la culture, des conférences publiques en rapport avec le thème de l’édition, « Culture et cohésion sociale » sont au programme. Dans la matinée du 29 mars 2016, à la chambre de commerce et d’industrie de Bobo Dioulasso, on a parlé dialogue interreligieux.
Un panel a été animé dans ce sens par Mélégué Maurice Traoré pour la religion traditionnelle, Mgr Anselme Titianma Sanon pour la religion chrétienne et Imam Tiégo Tiemtoré pour l’islam. Chacun des panelistes a expliqué en quoi sa religion prône le dialogue et est source de cohésion sociale.
Dialogue interreligieux au service de la cohésion sociale », c’était le thème du panel modéré par Dr Lodovic Kibora, anthropologue et directeur de l’Instit des sciences sociales(INSS/CNRST). Quand ce dernier présente le premier panéliste, Mélégué Maurice Traoré, l’intéressé campe le décor par une rectification. « J’ai l’habitude de dire que je m’appelle Traoré Mélégué et non Traoré Mélégué Maurice. Maurice fait partie de mon Histoire, mais pas de mon patrimoine. Je sais que ça ne va pas beaucoup plaire à Mgr (Ndlr. Anselme Titianma Sanon, à côté).
Il poursuivra en rappelant que le système de spiritualité de « nos » ancêtres a été considéré comme n’étant pas une religion. D’ailleurs pour le colonisateur, « nous n’avions même pas de musique, mais du folklore, nous n’avions pas de langues, mais des dialectes…nous ne pouvions pas donc avoir de religion, puisqu’ on disait que nous n’avions même pas des âmes ». Mais depuis, les choses ont changé, s’est réjoui le diplomate qui évoque le synode en 1961 qui a réfuté cette thèse erronée.
Il a cependant caractérisé la religion traditionnelle comme étant méconnue, inconnue, méprisée surtout par les intellectuels. Pourtant lui-même, baptisé et confirmé le même jour par Monseigneur Dupont dans la paroisse de Bonadougou, est depuis devenu animiste. Plutôt animiste-chrétien. Puisque pour l’ancien ministre, cela n’est pas incompatible. C’est d’ailleurs la preuve selon lui que la religion traditionnelle est ouverte, tolérante et pacifique, contrairement aux autres religions dites révélées.
Dialogue interreligieux au service de la cohésion sociale », c’était le thème du panel modéré par Dr Lodovic Kibora, anthropologue et directeur de l’Instit des sciences sociales(INSS/CNRST). Quand ce dernier présente le premier panéliste, Mélégué Maurice Traoré, l’intéressé campe le décor par une rectification. « J’ai l’habitude de dire que je m’appelle Traoré Mélégué et non Traoré Mélégué Maurice. Maurice fait partie de mon Histoire, mais pas de mon patrimoine. Je sais que ça ne va pas beaucoup plaire à Mgr (Ndlr. Anselme Titianma Sanon, à côté).
Il poursuivra en rappelant que le système de spiritualité de « nos » ancêtres a été considéré comme n’étant pas une religion. D’ailleurs pour le colonisateur, « nous n’avions même pas de musique, mais du folklore, nous n’avions pas de langues, mais des dialectes…nous ne pouvions pas donc avoir de religion, puisqu’ on disait que nous n’avions même pas des âmes ». Mais depuis, les choses ont changé, s’est réjoui le diplomate qui évoque le synode en 1961 qui a réfuté cette thèse erronée.
Il a cependant caractérisé la religion traditionnelle comme étant méconnue, inconnue, méprisée surtout par les intellectuels. Pourtant lui-même, baptisé et confirmé le même jour par Monseigneur Dupont dans la paroisse de Bonadougou, est depuis devenu animiste. Plutôt animiste-chrétien. Puisque pour l’ancien ministre, cela n’est pas incompatible. C’est d’ailleurs la preuve selon lui que la religion traditionnelle est ouverte, tolérante et pacifique, contrairement aux autres religions dites révélées.
« La religion traditionnelle n’est jamais intolérante vis-à-vis des autres religions, c’est l’inverse qui se produit. Si vous allez à Kakalaba chez moi, les gens tuent leur poulet sur le Konon, notre grand fétiche. Mais d’être chrétien ou musulman, ça ne leur dit rien du tout. Ils sont prêts à faire les deux, ce n’est pas un problème pour eux. » C’est plutôt pour les chrétiens et les musulmans qu’il y a problème.
Pour celui qui dit être parallèle à la bible et au Coran, il faut donc tirer le maximum de ce que la religion traditionnelle peut offrir en termes de tolérance, d’ouverture. Il indiquera qu’à part quelques rares exemples, il n’y a pas beaucoup de cas où la religion traditionnelle a procédé par des conquêtes pour s’étendre, ce qui n’est pas le cas du christianisme et de l’Islam.
Toutefois, « des bretelles peuvent existées entre toutes les religions. Dans toutes les recherches sur les mécanismes endogènes de gestion des crises, on ne peut pas ne pas parler des religions traditionnelles parce qu’elles ont un potentiel extraordinaire dans ce domaine. (…) Le dialogue ne nait que quand on se respecte mutuellement ».
Le christianisme, une tradition de dialogue
Foi de Mgr Anselme Titianma Sanon, l’église a jeté les bases du dialogue interreligieux, il y a une soixantaine d’année, depuis le concile œcuménique Vatican 2. Il a cependant reconnu que les traditions religieuses ont une histoire très mouvementée. « Chacun est persuadé que sa religion qui est vraie » et les dieux des autres sont des démons.
« Il a fallu le concile Vatican II pour dire que l’église regarde avec estime toutes les traditions religieuses. C’est le respect dû à l’homme qui fait respecter aussi ses convictions. On peut se respecter même si on ne tient pas les choses de la même manière, c’est ce qui est important. Cela permet d’avoir un cheminement dans la vérité » précisera l’ancien président du collège des sages.
Pour justifier la tradition chrétienne dans le dialogue interreligieux, il rappellera que c’est bien le Pape Jean Paul II qui a été la première autorité spirituelle à inviter toutes les religions, toutes les traditions du monde en 1986. Près de 200 communautés se sont retrouvées ; pas pour parler de religion, mais « des possibilités de la paix à partir des religions ».
Le paneliste a ainsi regretté les situations de violence, sous couvert de la religion comme si elle était complice. La religion sert, selon lui, d’alibi. Demain, ce sera les ethnies, ou d’autres catégories de la population ou de l’humanité : « il y a toujours des raisons de violence, parce qu’elle est dans l’histoire de l’humanité dès ses origines ». Mais l’essentiel, a conclu l’homme d’église, c’est de savoir se parler, pour ne pas s’entretuer.
L’islam, une religion de paix par essence
Le troisième panéliste, l’imam Tiégo Tiemtoré, a levé des équivoques, d’entrée de jeu. « Il y a beaucoup d’amalgames entre ce que l’on voit, ce que l’on fait et ce que les textes fondateurs (Coran et les traditions du Prophète) disent », a-t-il lancé.
Pour lui, le premier aspect de l’Islam, c’est d’éduquer le musulman à être avec Dieu pour vivre avec ses créatures, toutes. Pour ce faire, l’éducation par les piliers, les prières, le jeûne, la Zakat, le Hadj, ont tous pour finalité de rendre mature un individu, d’éduquer son esprit, son âme, son corps, son cœur et le mettre au service de la collectivité.
Le monde est certes divers, en religion, en croyances, en couleurs, en ethnies. Mais cela ne devrait pas être un facteur de tiraillement. Car, indique l’Imam, c’est Dieu qui l’a voulu ainsi. « Si Dieu avait voulu, il aurait fait de nous une seule communauté », mais nous sommes différents pour un but. Pour se concurrencer dans le bien, et au jugement dernier, le tout puissant demandera à chacun des comptes. « La diversité est divine », a clamé l’érudit.
Comme Mélégué Maurice Traoré et Mgr Anselme Titianma Sanon, Imam Tiégo a rappelé que l’Islam promeut la coexistence pacifique et le respect des autres. « L’islam prône le droit d’être et le devoir de présence », il n’est pas dans l’essence de l’Islam que de porter atteinte à la coexistence entre religion.
Il y a des pratiques qui ne sont pas de l’Islam. Et le conférencier a tenu à le rappeler. Par exemple, le Djihad. « Vous ne trouverez aucun terme dans le coran lié au Djihad qui appelle à tuer les gens. Le vrai sens du Djihad, c’est l’effort que déploie tout croyant pour protéger sa foi et se rapprocher de Dieu ».De la même manière, il a rétabli le vrai sens de la Charia dont l’essence est galvaudé et est sujet à polémique, plus ailleurs qu’ici. « Il est employé une seule fois dans le coran, pour désigner la voie à suivre. Cela se vit au quotidien. Quand vous faites la prière du matin, le jeûne du mois de Ramadan, ou respectez un être humain, c’est de la charia ».Dans tous les cas, l’imam Tiégo Tiemtoré a martelé que le musulman bien éduqué surveille sa langue et ses mains, de sorte à ne pas porter préjudice à autrui.
Source : Lefaso.net