Le Président du Faso, Roch Marc Christian KABORE a animé une conférence de presse le dimanche 3 avril 2016 à Bobo-Dioulasso. Cette conférence s’est tenue dans le cadre des 100 jours de sa prise de pouvoir Roch Marc Christian KABORE.
Sur le premier volet, la vie nationale, la question de la sécurité a occupé une bonne place avec un retour sur les attaques terroristes dont le pays a été victime en janvier dernier.
Là, Roch Kaboré, tout en reconnaissant l’existence, depuis un bon moment, de la menace, a expliqué le dispositif qui a été mis en place par le gouvernement notamment, en termes de renforcement de la sécurité sur tous les « sites sensibles », la création de l’Agence nationale de renseignements pour la coordination et la célérité en matière de partage d’informations, le renforcement de la coopération en matière sécuritaire avec les pays de la sous-région, surtout dans le cadre du G5 Sahel. Malgré ce dispositif, le Président du Faso s’est voulu réaliste en exhortant les citoyens à vivre désormais avec cette nouvelle donne, en étant plus vigilants et aptes à dénoncer tout acte suspect.
Les questions axées sur l’ultimatum du Collectif syndical CGT-B, le sort de l’ancien Premier ministre Isaac ZIDA, les écoutes téléphoniques, les réformes politiques, les koglwéogo, le déploiement du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) française au Burkina, le barrage de Samandéni ont entre autres été abordées.
La nomination du Premier ministre de la Transition comme ambassadeur aux Etats-Unis est le premier sujet servi au Président du Faso, Roch Marc Christian KABORE. Celui-ci a dit avoir été surpris de voir cette nomination être publiée au Journal officiel.
« A aucun moment, (…) le conseil des ministres n’a nommé le Premier ministre comme ambassadeur aux Etats-Unis », assure Roch KABORE et cela, que ce soit sous sa gouvernance ou sous la Transition. C’est la raison pour laquelle il dit avoir usé de « sa prérogative » de Chef d’Etat pour annuler ce décret afin d’éviter, dit-il, de « se faire manipuler à tout vent ».
Pour ce qui est de la régularité de son grade de Général de division, le Chef de l’Etat dit ne pas vouloir remettre en cause une décision de son prédécesseur, Michel KAFANDO, qui en avait l’autorité, mais, il dit prendre acte. «Il ne nous appartient pas de venir savoir si c’était justifié ou pas », a martelé le président KABORE.
Chronogramme de mise en œuvre des engagements pris par le gouvernement
Suite à la lenteur du gouvernement dans la mise en œuvre effective de la loi 81, les syndicats haussent le ton. Et le collectif syndical CGT-B a d’ailleurs lancé un ultimatum concernant le chronogramme de mise en œuvre des engagements pris par le gouvernement.
« Nous ne devons pas fonctionner en termes d’injonction. Nous devons fonctionner sur le dialogue », a répondu Roch Marc Christian KABORE.
Il a indiqué que : « L’Etat ne peut donner que ce qu’il peut donner ». Poursuit-il « Si nous prenons notre argent pour ne payer que des salaires, nous n’aurons pas de développement ».
L’affaire des Koglweogo est revenue sur la table. Sur cette question, le président a rappelé le contexte de la naissance des Koglweogo qui est due à l’incapacité de l’Etat à assurer la sécurité de l’ensemble des citoyens et au manque de confiance de ces derniers en la justice.
Il dit ne voir aucun inconvénient à ce que les groupes d’auto-défense contribuent à la sécurité, mais ajoute-t-il « ils ne doivent pas rendre eux-mêmes la justice, ou prendre des taxes, ils seront dans l’illégalité et ils seront traduits devant la Justice », dit-il.
« Concernant le déploiement du GIGN, (…). Nous avons considéré que nous ne nous sentons pas concernés »
Au cours de ce point de presse, le Président du Faso dit avoir appris le déploiement du GIGN sur le territoire burkinabè par la radio, comme tous les Burkinabè. Une situation qui n’a pas été du goût de l’Etat burkinabè.
« Concernant le déploiement du GIGN, nous avons eu cette information comme vous sur France Inter (…). Nous avons considéré que nous ne nous sentons pas concernés. Le minimum dans cette matière, c’est d’informer les plus hautes autorités du pays et de voir s’il y a la possibilité ou non de le faire.
Toute information que nous apprenons par la radio n’engage que ceux qui font ces déclarations et ne nous engagent pas, puisque de façon officielle, nous n’avons pas été saisis sur ce déploiement au Burkina Faso. Et nous avons d’ailleurs le même jour, dit à l’ambassadeur de France tout notre mécontentement sur cette procédure ».
Première visite officielle à Paris en France: allégeance du Burkina à l’ancienne colonie ?
Le Chef de l’Etat burkinabè effectue sa première visite officielle à Paris en France. Un signe d’allégeance du Burkina à l’ancienne colonie ? Le président du Faso s’insurge en faux et explique l’objet de la visite qui n’est dû qu’à un concours de circonstances, notamment les attentats du 15 janvier 2016 et l’ordre qu’il fallait mettre dans les dossiers urgents du pays.
Il souligne du reste que le Premier ministre français, Manuel VALLS, lors de sa récente visite au Burkina à l’issue des attentats de janvier dernier, avait adressé une invitation au Président burkinabè.
« Nous n’avons d’allégeance vis-à-vis de personne, dit-il. Nous y allons parce que nous discutons des intérêts du Burkina Faso. Cela doit être clair. C’est vrai que nous avons des relations qui datent de la colonie avec la France, mais il est hors de question pour nous d’y aller en termes d’allégeance ».
A son retour de ce voyage, prévu du 5 au 7 avril, le Chef de l’Etat indique qu’il se consacrera à ses pairs africains.
Le gouvernement burkinabè travaille depuis près de trois mois sans salaire.
Roch Marc Christian KABORE a précisé, dimanche, sur sa volonté de réduire le train de vie de l’Etat à travers des mesures qui ont été prises. Il a tenu aussi à souligner que cet effort n’incombe pas seulement aux Burkinabè. Mieux le gouvernement aussi doit y mettre du sien.
« Je peux vous dire que depuis que nous avons commencé à travailler depuis le 12 janvier, les ministres sont là, je peux vous dire que personne n’a touché un franc de salaire jusqu’au moment où je vous parle. Il est bon de le savoir», indique le chef de l’Etat.
« Même si vous voyez de temps en temps que nous sommes en cravate, on est en cravate malgré nous. Mais on est là pour le travail», a-t-il conclu.
Source: RTB