Au Sahel, la sous-nutrition menace aujourd’hui la vie de 7,2 millions de personnes dont six millions d’enfants de moins de 5 ans, et des femmes enceintes ou allaitantes. Pas moins de quatre pays sont au rouge selon les chiffres publiés par l’organisation Action contre la faim (ACF).
Au Niger, au Mali, en Mauritanie et au Sénégal, une combinaison de facteurs incluant les conflits armés, l’insécurité alimentaire, la sous-nutrition, les épidémies et les catastrophes naturelles, ainsi que la pauvreté extrême met en péril la vie, les biens et le futur des millions de familles. Le maintien d’une aide humanitaire et nutritionnelle demeure crucial.
Selon l’ONG, les foyers les plus vulnérables sont les plus affectés en cette période. ‘‘Nous sommes à la veille d’une période de soudure, ou de pénurie. Cette période survient lorsque les familles épuisent leurs réserves de nourriture, en juin, et dure jusqu’à la récolte suivante, en octobre.
Malgré les bonnes récoltes au cours de la dernière saison agricole, nous restons très vigilants dans ces pays et régions vulnérables où les indices d’insécurité alimentaire et de sous-nutrition sont déjà élevés’‘, explique Alexandre Le Cuziat, directeur régional des opérations.
Malgré de bonnes récoltes en 2015 et 2016, la situation nutritionnelle dans ces zones est préoccupante.
Les violences actuelles dans ces pays et les conséquences des conflits ont accentué d’avantage l’impact des vulnérabilités chroniques et des crises récurrentes dans les communautés du Sahel.
La région compte plus de 800 000 réfugiés et déplacés internes. Dans le nord du Mali, à la frontière entre le Niger et le Nigeria, les conflits armés, notamment dans la région de Diffa, ont un impact direct sur la production agricole.
Au Sénégal et en Mauritanie, ce sont les événements climatiques extrêmes tels que les sécheresses ou les inondations qui entraînent l’insécurité alimentaire : les régions de Podor et Guidimakha ont des indices de sous-nutrition qui dépassent respectivement 18 % et 15 %. Ces indices excèdent le seuil d’urgence établi par l’Organisation Mondiale de la Santé.
‘‘Le déficit prolongé de pluies ces dernières années a conduit à une diminution de la production agro-pastorale et par conséquent à un prolongement de la période de soudure.
La partie de la population la plus vulnérable voit ses mécanismes de résilience s’épuiser. Ils sont remplacés par d’autres stratégies de survie négatives et qui pourraient détériorer leurs moyens de subsistance’‘, déplore le directeur.
Il se pose également le problème de l’accès à l’eau et l’assainissement restreint ; l’inadéquation et la fragilité des services sanitaires : ‘‘le renforcement du personnel et des infrastructures sanitaires, la vigilance et la prévention restent essentiels pour maintenir à distance la sous-nutrition et d’autres maladies’‘, ajoute-t-il.
Un enfant sur cinq au Sahel meurt avant d’atteindre l‘âge de 5 ans. Les populations sahéliennes ont besoin de recevoir une assistance : un tiers des décès d’enfants est associé à la sous-nutrition.
Quelques chiffres publiés par l’ONG
– 150 millions de personnes vivent dans la région du Sahel
5,9 millions d’enfants sont touchés par la sous-nutrition
– 23,5 millions de personnes n’ont pas suffisamment de ressources pour se nourrir
– 6 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence
– La région compte 4,5 millions de réfugiés, déplacés ou rapatriés
– 2 milliards de dollars sont nécessaires afin de répondre à cette situation
Source: Afrika News