Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a mis en garde lundi contre un risque d’éparpillement des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) vers la Tunisie ou l’Egypte, une fois qu’ils seront chassés de leurs places fortes en Libye.
Il nous faut commencer à appréhender sérieusement la question de l’éparpillement des terroristes, une fois Syrte, peut-être demain Benghazi reprises aux jihadistes, a souligné le ministre,lors d’une université d’été de la Défense, qui réunissait le ghota militaire français à l’Ecole polyechnique, près de Paris.
Indirectement, cela va présenter de nouveaux risques et pour la Tunisie et pour l’Égypte, a-t-il insisté.
M. Le Drian a déploré que les pays voisins de la Libye, y compris la France et l’Italie, ne se concertent pas face à cette menace. Je trouve dommage, peut-être y a-t-il des raisons politiques qui l’empêchent, que l’ensemble des Etats voisins de la Libye ne se soient pas réunis, y compris nous, pour réfléchir à la question de l’éparpillement des terroristes une fois leur places fortes prises, a-t-il dit.
Son homologue tunisien, Farhat Horchani, a lui aussi demandé plus de coordination régionale dans la lutte contre le terrorisme. Nous avons un nombre important de combattants étrangers qui reviennent soit de Syrte, soit de Syrie. Je constate qu’il n’y a aucune stratégie, il n’y a pas de coopération entre les Etats, a-t-il souligné.
Les forces du gouvernement libyen d’union nationale (GNA), aidées par des frappes de l’aviation américaine, ont lancé samedi une nouvelle offensive contre le dernier réduit de l’EI à Syrte, son principal fief dans le pays, à 450 km à l’est de Tripoli.
Mais si la reprise de Syrte représenterait un échec pour l’EI, elle n’écarterait pas d’un coup la menace jihadiste. Selon des sources françaises et américaines, entre 5.000 et 7.000 jihadistes de l’EI se trouveraient en Libye.
Beaucoup se sont évaporés dans le sud du pays, note une source sécuritaire française interrogée par l’AFP.
Profitant du chaos régnant depuis la chute du colonel Kadhafi en 2011, avec des combats entre milices et une profonde instabilité politique, les jihadistes de l’EI s’étaient emparés en juin 2015 de Syrte, sa ville natale.
Les forces du général Khalifa Haftar, chef proclamé de l’armée libyenne (ANL) non reconnue par la communauté internationale et soutenu par Le Caire, combattent par ailleurs depuis plus de deux ans à Benghazi (1.000 km à l’est de Tripoli) des groupes islamistes, dont l’EI.
Le gouvernement d’union nationale peine encore à asseoir son autorité, y compris dans l’est face au général Haftar.
On ne pourra sortir de l’imbroglio libyen que si les Libyens eux mêmes assurent leur propre cohérence politique et militaire pour éviter que des milices qui agissent ensemble à un moment donné (à Syrte, ndlr) n’agissent les unes contre les autres à un autre moment, a mis en garde M. Le Drian.
La France plaide pour que le gouvernement d’union nationale puisse se solidifier et être reconnu par tous, a-t-il dit. Sinon ça ne marchera pas (…) ça n’aboutira pas, a-t-il ajouté, évoquant le retour à la stabilité dans ce pays.
SOURCE AFP