« No money for terror », « pas d’argent pour le terrorisme », c’est le nom de la conférence internationale de « lutte contre le financement de l’organisation de l’Etat islamique (Daech) et d’al-Qaïda » qui s’est ouverte pour deux jours à Paris.
Les ministres de 72 pays, des représentants d’organisations internationales mais aussi de nombreux experts ont répondu à l’invitation du président français. Tarir les ressources des terroristes n’est pas une mince affaire car ces groupes, tous les experts le disent, ont une grande capacité d’adaptation.
« No money for terror », « pas d’argent pour le terrorisme », c’est le nom de la conférence internationale de « lutte contre le financement de l’organisation de l’Etat islamique (Daech) et d’al-Qaïda » qui s’est ouverte pour deux jours à Paris. Les ministres de 72 pays, des représentants d’organisations internationales mais aussi de nombreux experts ont répondu à l’invitation du président français. Tarir les ressources des terroristes n’est pas une mince affaire car ces groupes, tous les experts le disent, ont une grande capacité d’adaptation.
A commencer par l’organisation Etat islamique. « Daech », en installant son proto-Etat au Levant à partir de 2013 a bouleversé le modèle du financement des organisations terroristes. Sur ce territoire, le groupe a tiré profit de ressources pétrolières, levé taxes et impôts sur le tissu économique et les populations, imposé même l’usage d’une monnaie contre des devises convertibles et s’est livré enfin à toute sorte de contrebandes et de trafics.
Avec sa défaite militaire, ces ressources se sont vues réduites, mais sont loin d’avoir disparu. A Paris, on rappelle que l’EI a accumulé un trésor de guerre de l’ordre d’un milliard de dollars par an de 2014 à 2016. Pour survivre, « Daech » en a investi une partie dans des entreprises, des commerces, des bureaux de change, des hôtels, géré par des intermédiaires en Irak, y compris hors des territoires qu’ils contrôlaient.
L’opportunisme et le pragmatisme de ces organisations, c’est ce qui complique aussi le travail des enquêteurs. Du côté de l’Elysée où une « task force » coordonne les services de renseignements pour la traque des jihadistes, on parle d’une « course de vitesse ». La capacité d’adaptation, c’est ce qui fait la force de ces organisations.
Ainsi, « Daech », comme al-Qaïda, peuvent recourir au système de la « hawala », virement en arabe. Un système ancestral dans le monde musulman que nos auditeurs connaissent bien, car ils peuvent l’utiliser eux-mêmes. Il permet de transférer des fonds d’un pays à l’autre sans mouvement d’argent, mais via des agents de change qui avancent la somme contre un remboursement plus tard. Un système de compensation basé sur la confiance entre les agents du réseau et qui contourne le réseau bancaire. Il n’est pas étonnant donc de voir que les organisations terroristes prospèrent dans les pays peu bancarisés, c’est le cas de l’Irak et de l’Afrique subsaharienne.
Un système peu sophistiqué, mais efficace. Il y a aussi toute l’expertise en cybercrime des terroristes. Il existe un lien entre anonymat des transactions et criminalité, ce n’est pas un secret. Tracfin, la cellule de renseignements financiers de Bercy alerte régulièrement sur l’usage qui pourrait être fait des « crypto actifs » comme les bitcoins qui échappent à tout contrôle.
Bercy recense de plus en plus de cas où ces bitcoins sont transformés en espèces via des cartes prépayées qu’on peut acquérir quasi anonymement. Tracfin sonne régulièrement l’alarme sur les risques liés au « crowdfunding », les cagnottes sur Internet où là aussi l’anonymat est de mise, et qui sont utilisées pour lever des fonds pour des actions censément humanitaires, mais servant en réalité à financer le terrorisme.
Le mobile banking est aussi perçue comme un levier de financement pour le terrorisme.
Les services de l’Elysée rappellent que l’EI est comme al-Qaïda une organisation dont les besoins en cash sont importants. Si les attentats en soi ne coûtent pas cher (quelques milliers d’euros pour les derniers perpétrés en Europe), les frais de fonctionnement, recrutement, formation, équipement, prise en charge des familles de terroristes ; tout cela coûte cher. Par conséquent, ces organisations seront toujours à l’affut de nouvelles ressources.
Partager les bonnes pratiques, c’est ce que doivent faire les participants à la conférence. La première journée a fait place aux « praticiens ». Chefs de service de renseignements, policiers, magistrats, spécialistes du droit. Il est capital pour que les Etats coopèrent pour échanger des renseignements, mais aussi pour se doter des outils de lutte contre le financement du terrorisme. Quelques Etats africains seront là, eux qui sont aux prises avec al-Qaïda et associés et Boko Haram, des groupes qui prospèrent grâce au racket, à la contrebande et aux enlèvements.
Il y aura une forte représentation des pays arabes, y compris le Qatar et l’Arabie saoudite justement sur la question du financement du terrorisme ; Une déclaration conjointe non contraignante devrait être signée à l’issue de la conférence.
Source: RFI