Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO réunis en Sommet extraordinaire à Ouagadougou, sous la présidence de Son Excellence Monsieur Mahamadou Issoufou, président en exercice de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont pris d’importantes décisions en vue de lutter efficacement contre le terrorisme dans le Sahel et le bassin du lac Tchad.
C’est lors du Sommet ordinaire de la conférence des chefs d’Etat tenu à Abuja au Nigeria, le 29 juin 2019 que la décision a été prise d’organiser à Ouagadougou un Sommet extraordinaire élargi à d’autre pays tels que le Cameroun, la Mauritanie et le Tchad et consacré essentiellement à la lutte contre le terrorisme.
Le président nigérien, président en exercice de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, Mahamadou Issoufou s’est réjoui de la tenue du Sommet qui a permis de débattre sur un problème qui constitue selon lui,une triple menace : « menace à la paix et à la sécurité des personnes et des biens, menace contre nos institutions démocratiques, menace pour notre développement économique et social ».
Pour lui, la menace des organisations terroristes et criminelles a pris une dimension stratégique car elle vise la remise en cause de l’existence des Etats dans leurs territoires et formes actuels. D’où la nécessité pour les Etats de se fixer comme objectifs politiques : la sauvegarde de l’intégrité territoriale de nos Etats, la sauvegarde de nos institutions démocratiques républicaines et la sécurisation de tous les citoyens, ainsi que la protection de leurs biens,a-t-il déclaré.
Le président du Faso et président en exercice du G5 Sahel Roch Marc Christian Kaboré et le président de la commission de la CEDEAO, Jean Claude Kassi Brou ont également fait le procès du terrorisme et de la criminalité organisée, salué la tenue du Sommet qui a permis d’examiner les différentes initiatives prises à ce jour pour prévenir et lutter contre le terrorisme et surtout de prendre d’importantes décisions pour endiguer le phénomène qui gagne chaque jour du terrain.
Une dizained’invités spéciaux présents à l’ouverture du Sommet sont intervenus pour livrer des messages de soutien à la CEDEAO. Tous ont témoigné leur solidarité aux pays victimes d’attaques terroristes, salué l’initiative de la CEDEAO d’organiser un Sommet en vue de la mutualisation des moyens pour contrer la menace terroriste.
Les chefs d’Etat à l’issue de leurs travaux ont adopté « la Déclaration de Ouagadougou »qui laisse entrevoir leur ferme volonté à engager des actions fortes contre le terrorisme et le crime organisé. Ils ont, à cet effet, décidé de mobiliser urgemment un milliard de dollars américains sur cinq ans pour faire face aux priorités de la lutte contre le terrorisme.
D’autres décisions non moins importantes ont été prises et certains principes réaffirmés à cette occasion. Ainsi, la conférenceréaffirme le principe de respect de l’intangibilité et de l’intégrité territoriale des Etats, conformément aux fondements de l’Union africaine.
Elle apporte son plein soutien à l’exercice de la souveraineté de la République du Mali sur l’ensemble de son territoire et réaffirme que la Région de Kidal est partie intégrante du territoire malien.
Un plan d’actions prioritaires pour contrer le terrorisme
La conférence a décidé d’adopter un plan d’actions prioritaires 2020-2024 pour éradiquer le terrorisme ; ledit plan d’actions qui devrait être élaboré et soumis aux chefs d’Etat pour adoption lors du prochain sommet ordinaire, prévu le 21 décembre prochain à Abuja, au Nigeria, s’articule autour de huit axes, à savoir :
-La mutualisation des efforts et la coordination des initiatives de lutte contre le terrorisme ;
-le partage effectif et direct des informations et de renseignements entre les services de sécurité des Etats membres de la CEDEAO ;
-la Formation et l’équipement des acteurs étatiques impliqués dans la lutte contre le terrorisme ;
-le renforcement de la gestion et du contrôle sécuritaire aux frontières terrestres aériennes, maritimes et fluviales ;
-le renforcement du contrôle des armes et des produits sensibles à usage multiples ;
-la lutte contre le financement du terrorisme ;
-enfin, la promotion de la communication, du dialogue intercommunautaire et la prévention de l’extrémisme violent.
La communauté internationale appelée à s’assumer face à la crise libyenne
La crise libyenne s’est invitée au Sommet extraordinaire de la CEDEAO et le rôle de la communauté internationale dans la survenue de cette crise aux conséquences insoupçonnées est pointé du doigt à travers les propos du président du Niger, Mahamadou Issoufou et la déclaration de Ouagadougou.
C’est pourquoi, estimant que cette communauté internationale à un devoir vis-à-vis du Sahel, la conférence appelle le Conseil de Sécurité des Nations Unies à s’impliquer dans la recherche de solutions urgentes à la crise qui est en train de s’étendre dans toute l’Afrique de l’Ouest. Dans cette même dynamique , les chefs d’Etat demandent la nomination d’un Représentant conjoint de l’Union Africaine et des Nations Unies pour la Libye et appellent les Nations Unies à contribuer par la mobilisation des ressources conséquentes, au financement de la lutte contre le terrorisme dans la région, non sans saluer la nouvelle initiative de partenariat pour la stabilité et la sécurité au sahel, lancée lors du sommet du G7, tenu du 24 au 26 aout à Biarritz, en France.
La conférence demande un mandat plus offensif pour la MINUSMA afin de lui permettre de contribuer efficacement à la lutte.Aussi, approuve-t-elle le principe d’une implication de la Force en Attente de la CEDEAO dans la lutte contre le terrorisme.
Elle a par ailleurs instruit la commission de la CEDEAO à travailler avec l’Union Africaine afin d’engager un dialogue avec la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International pour les amener à considérer les dépenses effectuées au titre de la sécurité comme un investissement en faveur du développement.
Toutes les initiatives développées par la CEDEAO dans la cadre de la lutte contre le terrorisme viennent renforcer les actions déjà en cours, menées par le G5 Sahel et d’autres organisations, a précisé le président en exercice de la CEDEAO, Mahamadou Issoufou au cours d’un point de presse qu’il a co-animé avec son homologue burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré. Ils ont rassuré l’opinion publique quant aux mécanismes qui seront mis en place pour la mobilisation et la gestion des financements recherchés.
Service de la communication du Secrétariat Technique du CNC G5 Sahel du Burkina Faso