« L’Alliance Sahel est un partenaire important pour le G5 Sahel en raison du rôle joué dans l’harmonisation et le dialogue avec les bailleurs intervenant dans les cinq Etats.
Nous sommes mutuellement redevables les uns envers les autres mais nous sommes surtout redevables ensemble des résultats vis-à-vis de nos populations. Il existe en effet un scepticisme de l’opinion publique et nous devons répondre ensemble à ces doutes portant sur l’écart entre les promesses et les interventions à impacts tangibles. C’est un enjeu majeur pour la mise en œuvre du Programme de développement d’Urgence (PDU) et du Programme d’Investissement Prioritaire (PIP) sur le terrain. Il est important de dépasser les grands chiffres annoncés pour parler concrètement des résultats. Ces thèmes ont fait l’objet de discussions lors du dernier comité de pilotage de l’Alliance Sahel et nous avons notamment évoqué le Programme d’Aménagement Territorial Intégré (PATI) : une intervention dans la région des trois frontières qui finance une initiative pilote de coopération transfrontalière entre municipalités des régions du Sahel (Burkina Faso), de Tombouctou (Mali) et de Tillabéri (Niger) – où vivent 5,5 millions d’habitants. L’économie pastorale et la santé de façon générale sont primordiales pour la résilience de cette région qui abrite 30% du cheptel des trois pays. Lors de la remise du centre de santé rénové de Dori au Burkina Faso, nous avons pu constater que les populations et les autorités étaient très enthousiastes. Cet engouement démontre les difficultés rencontrées par les Etats et les besoins essentiels dans les domaines de la sécurité et de la santé. Pour nous, ce projet-pilote financé par l’UEMOA est une réussite dont nous voulons nous inspirer pour mettre en œuvre des projets qui changeront la donne pour les populations du Sahel. »
Vers une approche intégrée et plus pragmatique
« Le troisième comité de pilotage de l’Alliance Sahel a été une réunion constructive. Les participants ont contribué à la tenue d’une session tangible et concrète. Je me réjouis particulièrement du progrès atteint dans 3 domaines prioritaires. Tout d’abord la convergence de l’Alliance Sahel vers le modèle de l’approche territoriale intégrée qui avait déjà été évoquée lors de l’Assemblée Générale du 25 février à Nouakchott. Deuxièmement la question des instruments de financement des projets de développement. Nous ne pouvons mener la guerre du développement sans stratégie ni ressources pertinentes et facilement mobilisables. Il y a longtemps, lorsque je travaillais sur la question de l’éducation des adultes pendant ma thèse de doctorat, j’étais au Burkina Faso avec des paysans et ceux-ci m’interpellaient souvent : « planifier, planifier, … de quoi parlez-vous ? ». Nous avons besoin de fonds et d’instruments. Il faut donc prendre garde à ne pas s’enraciner dans des procédures sans fin. Le troisième point concerne le recours aux opérateurs locaux pour la mise en œuvre des interventions. C’est incontournable pour un développement approprié et durable. Il faut que nous trouvions les formules adéquates au Sahel. Nous avons commencé à en parler, le dialogue doit se poursuivre avec nos partenaires de l’Alliance Sahel. Parfois les gens pensent que lorsque nous parlons d’opérateurs locaux, il n’y a que les organisations internationales qui peuvent y travailler mais il est nécessaire de creuser un peu plus la question et de créer d’autres partenariats centrés sur la mise en œuvre et la « percolation de l’aide au développement vers le bas de la pyramide ».
Les collectivités locales, un acteur incontournable
« Concernant l’Approche Territoriale Intégrée (ATI), vous parlez d’approches multisectorielles centrées sur les bassins de crises, mais je préfère plutôt rappeler l’importance de cibler les zones les plus vulnérables. C’est pour cela que le Cadre d’Actions Prioritaires Intégrées (CAPI) que nous avons développé avec l’UE est devenu central et a été adopté lors du Sommet des chefs d’Etat. Le CAPI favorise des actions à impact rapide dans des zones fragiles et une approche territoriale reposant sur l’implication active des élus et acteurs de la décentralisation. Lors de l’AG de l’Alliance Sahel du 25 février, un important accord-cadre a été signé avec les collectivités locales, il ne faut pas l’oublier. Ce niveau d’intervention de proximité permet de développer une prestation de service pertinente, de recourir aux entreprises locales et de renforcer les collectivités et pouvoirs publics locaux. Si nous procédons de cette façon, il n’y aura même plus besoin de communiquer sur les projets, les acteurs locaux communiqueront à notre place, et ils le feront bien. »
Conjuguer les efforts en complémentarité
« Un des priorités pour le G5 Sahel est de continuer à conjuguer nos efforts en complémentarité avec nos partenaires pour atteindre nos objectifs communs. Près d’une vingtaine de partenaires nous appuient et la volonté d’aller de l’avant est remarquable. D’autres partenaires tels que la Banque Arabe pour le développement de l’Afrique (BADEA) complètent les interventions de l’Alliance Sahel. Les interventions dans la riposte au Covid-19 de la Banque Africaine de Développement (BAD) – cette banque qui est celle de nos Etats et qui est membre de l’Alliance Sahel- nous semblent très intéressantes car elles privilégient un développement s’inscrivant dans une approche territoriale au plus près des communautés. La BAD recourt aux services d’une agence des Nations Unies, le HCR avec lequel nous sommes liés et qui travaille sur le terrain avec l’Etat, les collectivités et les autres parties prenantes pertinentes.
Dans les mois à venir, nous souhaitons que notre architecture fonctionne mieux en plaçant le terrain reste au centre des préoccupations. Lors du dernier comité de pilotage de l’Alliance Sahel, un consensus net s’est dégagé sur des points d’action. Transformons-les en résultats tangibles afin de pouvoir communiquer sur un impact en faveur de la stabilité et la prospérité. Nous sommes en discussion avec l’Organisation Internationale de la Francophonie et plusieurs partenaires pour concevoir une radio dédiée à la jeunesse, priorité de la Présidence Mauritanienne du G5 Sahel. Pareil instrument contribuerait à la cohésion sociale et la prospérité de notre région – tout en nous permettant d’informer les populations sur nos résultats. »
Source: Alliance Sahel