Malgré les multiples défis auxquels ils font face aujourd’hui, les pays du Sahel ne manquent pas d’atouts pour bâtir l’un des meilleurs espaces communautaires de paix, de sécurité, de stabilité et de cohésion sociale et de croissance.
Faire de nos frontières un trait d’union et non des barrières, c’est l’esprit d’une conférence internationale de haut niveau sur la gestion des frontières et des communautés frontalières qui s’est ouverte hier à Bamako.
Organisée sous les auspices du G5 Sahel en partenariat avec le PNUD et le Japon, cette conférence de deux jours se veut un cadre d’échange sur les grands défis auxquels le Sahel est confronté.
Les participants à cette conférence sont les ministres et délégués gouvernementaux du G5 Sahel ayant la responsabilité de la gestion des frontières, les délégués des commissions économiques régionales de l’Union africaine, les représentants des pays donateurs, de la société civile des pays du G5 Sahel et le personnel des agences des Nations unies et des ONG.
La conférence se penche sur les différentes stratégies et activités de gestion des frontières dans le Sahel émanant de l’ensemble des parties prenantes. Elle va également explorer dans le détail la gestion des frontières dans une perspective de développement intégré à travers quatre domaines thématiques : la sécurisation et l’ouverture des frontières en mettant l’accent sur le rôle des communautés ; la valorisation des axes de transport pour une meilleure intégration socio-économique ; la « déradicalisation » via la promotion du dialogue des cultures comme facteur stabilisant ; la promotion d’une migration en faveur du développement.
L’ambition est de s’appuyer sur les nombreuses initiatives des acteurs locaux et partenaires internationaux visant à garantir la paix, la sécurité et le développement afin de développer un mécanisme de coordination efficace, tant au niveau politique que sur le terrain, et bâtir une large coalition de partenaires dans l’appui et l’assistance en matière de gestion frontalière.
L’objectif final de cette conférence est d’aboutir à un consensus du G5 Sahel sur une approche développementale destinée à améliorer la gestion des zones frontalières dans le Sahel.
L’urgence d’actions concrètes
A l’ouverture de la conférence, les intervenants ont identifié des pistes que les travaux approfondiront. Il est prévu une déclaration commune dite de Bamako sur la sécurité transfrontalière et le développement de la région, la création d’un cadre d’échanges et de coopération entre les pays du G5 Sahel et, au-delà, l’ensemble des pays du Sahel, le lancement d’une plateforme de gestion des connaissances pour les acteurs, leurs visions, leurs motivations, leurs perspectives, le partage des résultats du Programme Sahel du PNUD en matière de gestion des frontières, le lancement des bases d’une coordination effective sur le sujet.
L’unanimité qui s’est dégagée lors de l’ouverture de la conférence a trait à la transformation en actions concrètes de toutes les initiatives et stratégies jusque là en débat. Dans leurs interventions successives, les ministres des pays du G5 Sahel ont reconnu l’ampleur et la multiplicité des difficultés liées à la gestion des frontières. Ces difficultés se matérialisent par la montée sans précédent du terrorisme, du narcotrafic, de la migration clandestine. A cela s’ajoutent les menaces liées à la dégradation de l’environnement. « Beaucoup de choses ont été dites. Il faut cesser de discourir et poser des actions concrètes », a estimé le ministre tchadien de la Sécurité publique et de l’Immigration, Ahmat Mahamat Bachir. Abondant dans le même sens, son collègue burkinabé en charge de l’Administration territoriale, Simon Compaoré, a prôné l’échange d’informations en matière de sécurité et une coopération poussée en terme de création de richesses entre les communautés et les États pour pacifier nos frontières.
Pour le directeur Afrique du PNUD, les pays du G5 Sahel doivent s’impliquer plus en allant vers la concrétisation des allocations de ressources en faveur du G5 Sahel pour la gestion des zones frontalières.
Le Haut représentant de l’Union africaine, Pierre Buyoya, a, lui, mis l’accent sur le rôle combien important en matière de stabilisation que joue l’organisation panafricaine depuis l’éclatement de la crise libyenne. Il soulignera aussi la nécessité de renforcer le cadre de coopération régional entre les responsables de la sécurité et des renseignements.
Auparavant, le Secrétaire permanent du G5 Sahel, Najim Elhadj Mohamed, avait rappelé les axes stratégiques sur lesquels se structure l’action du regroupement sahélien à travers une palette de projets initiés en partenariat avec le système des Nations unies et d’autres partenaires. Parmi les initiatives figure le projet « gestion des frontières et des communautés frontalières » lancé en partenariat avec le PNUD et ONU-Femme en 2015.
Pour le ministre malien des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de l’Intégration africaine, il faut véritablement s’assurer que nos frontières soient des espaces de prospérité partagée. Ce qui permettra de lutter contre l’extrémisme violent et les autres formes de criminalité. Abdoulaye Diop a aussi mis l’accent sur la protection et la promotion du patrimoine culturel du Sahel. Selon lui, les valeurs traditionnelles qui fondent l’esprit d’appartenance au même peuple, à la même histoire, au même espace géographique, nos valeurs de tolérance, de respect de la dignité humaine, de solidarité et d’hospitalité légendaire sont des éléments précieux qui nous portent à croire que nous pouvons bâtir l’un des meilleurs espaces communautaires de paix, de sécurité, de stabilité et de cohésion sociale, de croissance et de développement.