La réunion de haut niveau sur le Sahel s’est tenue en marge des travaux de la 77ème Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York, le 22 septembre 2022.
Ci-dessous le discours prononcé à cette occasion par le Secrétaire Exécutif du G5 Sahel, l’Ambassadeur Eric Yamdeogo Tiaré:
Excellences Messieurs les Chefs d’État,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies
Excellence Monsieur Issoufou Mahamadou, ancien Président du Niger,
Excellence Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine ;
Excellence Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO ;
Excellence Mme la Sous-Secrétaire générale
Excellences Messieurs les Ministres,
Messieurs les Ambassadeurs, Représentants Permanents
Chers partenaires et chers amis du Sahel
Mesdames et Messieurs
Madame la Présidente,
Je voudrais avant tout remercier et féliciter Mr Antonio GUTERRES, Secrétaire Général des Nations Unies pour l’inscription et l’organisation de cette réunion de haut niveau sur le Sahel, en marge des travaux de la 77è Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Je saisis l’occasion pour saluer son engagement très fort et ses nombreuses initiatives en faveur de la cause du sahel.
Il est vrai que les réunions sur le sahel en marge des travaux de l’Assemblée Générale des Nations Unies sont devenues incontournables, mais celle de cette année, l’est encore plus, car elle se tient dans un contexte encore plus difficile, contexte qui a été si bien décrit par le Secrétaire Général à l’ouverture des travaux de la 77ème session de l’AG.
Dans le même ordre d’idées, la Banque Mondiale a indiqué dans son dernier rapport publié il y a quelques jours, que près de 13,5 millions de personnes risquent de tomber sous le seuil de pauvreté d’ici 2050 si rien n’est fait face au changement climatique.
Aujourd’hui, Le Sahel semble être la région du monde qui cristallise, avec le plus d’acuité, tous les principaux défis qui préoccupent au plus haut point actuellement, comme les enjeux liés aux changements climatiques, à l’extrémisme violent, au terrorisme, à la sécurité, aux personnes déplacées internes, à la démographie, au développement, à l’accès aux ressources naturelles, etc.
En un mot, la région sahelo-sahelienne est fortement déstabilisée, fragilisée !
Il était donc vraiment temps que des voix s’élèvent et que des initiatives soient prises.
C’est pourquoi nous saluons l’initiative du SG de faire une évaluation stratégique conjointe (UN, UA, CEDEAO, G5 Sahel) sur la sécurité et le développement au Sahel et la désignation de l’ancien Président de la République du Niger, SEM Issoufou Mahamadou pour présider le Panel indépendant de haut niveau. Faut-il le rappeler, ce choix du Président Issoufou, membre fondateur du G5 Sahel, homme politique averti et avisé des questions sahéliennes, a été unanimement reconnu et salué.
Cette évaluation, bien menée, devrait permettre de revisiter toutes les approches en vigueur ces dernières années afin de trouver la meilleure approche possible, parce que nous le savons, le sahel est une région qui regorge d’énormes potentialités qui n’attendent, et qui ne demandent, qu’à être bien exploitées pour faire le bonheur des laborieuses populations sahéliennes.
Excellences Messieurs les Chefs d’Etat,
Mesdames et Messieurs,
En créant le G5 Sahel en 2014, les dirigeants d’alors des cinq pays, dont le Président Issoufou ici présent, avaient compris que seules, la mutualisation des moyens, la coordination et la consolidation des efforts pouvaient permettre de prendre en charge les questions de sécurité et de développement de leurs pays respectifs.
Aussi, le G5 s’est-il doté dès 2016 d’une stratégie dénommée Stratégie pour le Développement et la Sécurité (SDS) qui constitue le cadre de référence pour toutes les interventions du G5 et de ses partenaires. Elle est mise en œuvre à travers le Programme d’Investissements Prioritaires (PIP), articulé autour des quatre axes stratégiques du G5 Sahel que sont : Défense-sécurité, Gouvernance, Infrastructures, Résilience-développement durable.
Certes, le G5 Sahel traverse aujourd’hui des moments difficiles, mais il faut reconnaitre qu’en si peu de temps, il a réalisé de nombreux acquis sur les deux piliers Développement et Sécurité.
– Sur le pilier Développement, de nombreuses actions ont été menées dans tous les pays ; une évaluation du PIP 2019-2021 a été faite (et chacun des pays peut faire le bilan en interne) ; la relecture de la SDS et l’élaboration du nouveau PIP 2022-2024 tenant compte du nouveau contexte, sont en cours. Ces deux documents attendent d’être soumis à la validation des Chefs d’Etat lors du prochain Sommet ordinaire qui, nous l’espérons se tiendra très bientôt.
– Sur le pilier Sécurité, la Force conjointe créée en 2017, n’a pu, à ce jour, être pleinement opérationnelle en raison de l’absence de financements pérennes prévisibles, et les déficits au niveau des équipements notamment en matière de renseignements et de vecteur aérien. En dépit de cette situation, la Force Conjointe a, avec le soutien des Nations Unies, de l’Union Africaine, de la CEDEAO, de l’Union Européenne et de bien d’autres partenaires, pu mener de nombreuses opérations anti terroristes, dans le strict respect des droits de l’homme et avec l’accompagnement de sa composante police.
Avec le retrait du Mali du G5 et de la Force Conjointe, les Chefs d’Etats-majors des Armées des pays du G5 Sahel se sont réunis hier à Niamey au Niger et aujourd’hui s’est tenue la réunion des Ministres en charge de la Défense toujours à Niamey, avec pour objectif de définir la nouvelle configuration de la Force.
C’est donc dire que le G5 poursuit sa mission et espère que le sens de l’intérêt sous régional prévaudra pour que nous puissions sauvegarder les acquis engrangés et faire face ensemble, à l’insécurité et au sous-développement ; parce que ce sont ces raisons qui ont justifié la création du G5 Sahel en 2014 et ces raisons demeurent, plus que jamais, d’actualité et confirment encore plus, aujourd’hui au vu de la détérioration continue de la situation, qu’aucun pays ne peut y faire face tout seul.
Alors que la situation globale se détériore, nous fondons beaucoup d’espoir sur l’initiative du Secrétaire General de faire une évaluation sur la sécurité et le développement, sous la coordination du Président Issoufou et autour des Nations Unies et de l’Union Africaine. Il faut absolument que la communauté internationale et tous les partenaires et amis du sahel soutiennent l’initiative en accompagnant et en donnant les moyens nécessaires pour la mise en œuvre des mesures fortes qui seront recommandées par le rapport, et ce, pour permettre au sahel, terre d’opportunités, de retrouver son lustre d’antan.
Avant de conclure , je voudrais rappeler une chose : il n’y a pas si longtemps, les dirigeants des pays du G5 Sahel attiraient l’attention de la communauté internationale sur la nécessité, voire l’obligation de les soutenir dans la lutte qu’ils mènent contre le terrorisme car il s’agit bien d’une question de paix et de sécurité internationale ; ils avaient même brandi le risque que si rien n’était fait, il fallait craindre que certains pays, qui constituent des digues, ne cèdent, et que cela entraine une expansion du terrorisme vers les pays du Golfe de Guinée.
Aujourd’hui c’est une bien triste réalité.
Tout en encourageant les nouvelles initiatives de lutte contre le terrorisme en cours, je voudrais attirer l’attention sur le fait qu’il y a lieu de continuer de soutenir et de renforcer celles déjà existantes comme le G5 Sahel, car tout part du sahel et le sahel reste central dans la lutte contre le terrorisme.
Je vous remercie de votre aimable attention.