Le 6e sommet extraordinaire des chefs d’États du G5 Sahel a été clôturé, lundi 20 février 2023 à N’Djamena au Tchad, par une cérémonie de passage de témoin qui a consacré Son Excellence le Président de la République Islamique de Mauritanie , Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la conférence des chefs d’Etat du G5 Sahel pour un mandat d’une année succédant au Président Tchadien Monsieur Mahamat Idriss Déby .
Clôturant le Sommet, le Président de la République, Président du G5-Sahel, a prononcé un discours dans lequel il a évoqué le contexte régional et international dans lequel le G5-Sahel agit et souligné qu’en dépit de son caractère défavorable, l’organisation a su très rapidement se faire une place sur l’échiquier politique et diplomatique international, et mobilisé ses partenaires autour de la Défense ; de la Sécurité et du Développement .
Voici l’intégralité du Discours du Président en exercice du G5 Sahel
Je voudrais tout d’abord adresser à mon frère, Son Excellence Monsieur Mahamat Idriss Déby Itno, Président du Conseil militaire de Transition, Président de la République du Tchad, mes sincères félicitations pour le travail remarquable qu’il a accompli tout au long de sa présidence du G5-Sahel et pour la parfaite organisation du présent sommet extraordinaire, tout en le remerciant vivement ainsi que son gouvernement et l’ensemble du peuple tchadien pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité généreuse.
Je voudrai aussi remercier mes pairs Chef d’États du G5-Sahel pour la confiance qu’ils m’ont accordée en me confiant la présidence en exercice de notre organisation et leur signifier en même temps qu’autant je me sens honoré par cette marque de confiance, autant je mesure la lourde responsabilité qui m’est ainsi dévolue dans les circonstances exceptionnelles que traverse aujourd’hui notre organisation.
Excellences Mesdames et Messieurs,
Mus par un esprit de solidarité, d’entraide et d’appropriation de leur destinée commune, nos pays ont créé en 2014 le G5-Sahel afin de mutualiser leurs moyens et de mettre en synergie leurs efforts en vue de faire face aux grands défis de sécurité et de développement auxquels ils faisaient face.
En dépit d’un contexte régional et international plutôt défavorable, notre jeune organisation a su très rapidement se faire une place sur l’échiquier politique et diplomatique international, et mobiliser ses partenaires autour de ses programmes de développement de gouvernance, de résilience et de sécurité.
Elle a aussi mis en place une stratégie pour le développement et la sécurité, ainsi qu’un programme d’investissement prioritaire élaboré pour la période 2019-2021 que nous avons décidé, durant le dernier sommet ordinaire du 15 février 2021, d’actualiser pour prendre en compte le nouveau contexte de dégradation de la situation sécuritaire.
Outre son action en matière de développement, notre organisation a, sur le plan sécuritaire, réalisé des avancées indéniablement appréciables. Ainsi, à titre illustratif, les canaux d’échange et de coordination se sont nettement renforcés entre les forces de défense et de sécurité nationales. La force conjointe, dans son long et difficile processus d’opérationnalisation, a capitalisé des acquis en termes de formation, d’équipements et d’infrastructures.
Le Collège de défense a déjà breveté quatre promotions d’officiers supérieurs qui occupent aujourd’hui de hautes responsabilités dans leurs pays respectifs. Les groupes d’action rapides de surveillance et d’intervention (GARSI) ont été mis en place dans chaque pays. Les activités ont démarré dans l’Académie régionale de police à N’Djamena et au sein du Centre de fusion de renseignements à Niamey.
C’est aussi l’occasion d’exprimer notre gratitude à tous nos partenaires internationaux qui nous ont accompagnés durant toutes ces années et qui ont aujourd’hui, à travers la Banque Mondiale, l’Union Européenne et l’Alliance Sahel, réaffirmé leur intention ferme de continuer à nous soutenir dans nos efforts de redynamisation de notre organisation.
Malheureusement, ces deux dernières années, notre organisation a connu des circonstances exceptionnelles internes et externes qui ont, à des degrés divers, impacté sérieusement le fonctionnement régulier de ses différentes instances. Le fait marquant de cette période fut le retrait du Mali du G5-Sahel et de l’ensemble de ses organes, qui a subitement rompu la continuité géographique de notre espace et privé l’organisation de l’apport précieux capital d’un pays frère et membre fondateur. Alors qu’au même moment, les groupes terroristes renforçaient leur présence dans la zone des trois frontières, faisant des milliers de déplacés internes et un nombre, jour après jour, plus important de pertes en vies humaines. Ce fut douloureux pour nous tous, mais nous sommes cependant résolus à continuer à œuvrer pour le retour de nos frères maliens dans la famille G5-Sahel qui est et restera toujours la leur. Tout comme nous sommes fermement résolus à continuer à mutualiser nos moyens et à mettre en synergie nos efforts pour relever ensemble les défis sécuritaires et de développement auxquels nous faisons face. Le G5-Sahel étant le cadre le plus approprié pour cela, nous devons tout mettre en œuvre afin de le préserver et le renforcer.
La tenue, aujourd’hui, de ce sommet extraordinaire confirme bien notre forte détermination à travailler activement dans ce sens. D’ores et déjà, il y a lieu de se féliciter de l’adoption par les ministres en charge de la défense, ici même à N’Djamena, le 10 janvier dernier, du projet de nouveaux concepts stratégiques d’opérations de la force conjointe qui vient de nous être présenté par le Secrétaire exécutif. En effet, il est indispensable que la force conjointe reconfigurée soit renforcée et dotée de moyens nécessaires pour retrouver son dynamisme en étroite coordination avec les forces armées nationales.
De même, en matière de développement, nous devons rapidement procéder à l’examen et l’adoption de nos instances, de la SDS et du PIP 2023-2025, redynamiser les programmes inachevés et en suspens, œuvrer afin que nos partenaires renforcent et concrétisent davantage leurs engagements à nos côtés.
Nous avons tous en mémoire la Conférence de Nouakchott des bailleurs de fonds en 2018 pour le financement du PIP qui a connu de fortes annonces restées cependant, jusqu’ici, faiblement concrétisées.
Excellence Mesdames et Messieurs les ministres ;
Nous nous devons de faire preuve de réalisme et de veiller à la préservation des résultats si chèrement acquis. Triompher du terrorisme et des grands défis du développement est un objectif raisonnablement envisageable pour des pays solidaires et mutualisant leurs moyens. Mais, absolument inaccessible pour des pays qui affrontent des défis sécuritaires communs en ordre dispersé.
Ainsi, tout en réaffirmant l’absolue nécessité de préserver, de renforcer et de développer notre organisation, je déclare close la sixième session extraordinaire du G5-Sahel.