Le Premier ministre français Manuel Valls arrive à Ouagadougou le 20 février 2016 pour une visite éclair. A cette occasion, nous avons voulu en savoir davantage sur la coopération entre le Burkina Faso et la France, en rencontrant Gilles Thibault, ambassadeur de France au Burkina Faso.
Son Excellence est revenu sur les attaques terroristes du 15 janvier au cours desquelles sont intervenues les troupes françaises présentes au Burkina Faso.
– Manuel Valls arrive à Ouagadougou. Quels enjeux le Burkina Faso représente-t-il aujourd’hui pour la France dans la sous-région ?
– Le Premier ministre Manuel Valls vient à Ouagadougou pour témoigner de son soutien et de sa solidarité aux autorités et au peuple burkinabè, à la suite des terribles attentats du 15 janvier dernier. Le Premier ministre Manuel Valls tient à apporter son soutien aux nouvelles autorités burkinabè et leur assurer que la France restera pleinement engagée pour le développement et la sécurité du Burkina Faso. Pour la France, le Burkina Faso est un pays ami et un partenaire précieux. Depuis l’insurrection populaire d’octobre 2014, le Burkina a montré l’exemple, à l’Afrique et au monde, de son attachement à la liberté et à la démocratie.
– Combien étaient les assaillants du Cappuccino selon les renseignements français, d’autant plus qu’il y a eu une polémique entre les autorités burkinabè et françaises sur le nombre de djihadistes du 15 janvier 2016 ?
– Je pense qu’il ne faut pas entretenir ce genre de polémique sur un évènement aussi grave, aussi violent et aussi douloureux. L’essentiel est que les trois assaillants aient été neutralisés. Je tiens surtout à m’incliner devant la mémoire des trop nombreuses victimes, et apporter mon plus sincère soutien aux blessés. L’enquête judiciaire actuellement en cours permettra de savoir de quelles complicités les trois terroristes ont pu éventuellement bénéficier.
– Quel est le rôle exact que les forces spéciales françaises ont joué dans l’assaut mené contre les terroristes qui ont attaqué Ouagadougou le 15 janvier 2016 ?
– A la demande du Président du Faso, les forces spéciales françaises sont intervenues, en appui aux unités burkinabè déployées. La coordination, sur le terrain, entre les forces burkinabè et françaises a été excellente et a permis de mettre fin à cet enfer.
– Quel dispositif pratique la France compte-t-elle apporter au Burkina Faso dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ?
– La France lutte contre le terrorisme au Sahel grâce au dispositif militaire Barkhane. La force Barkhane comporte 3500 militaires, déployés surtout au Tchad et au Mali. Nous avons aussi un détachement de Barkhane au Burkina Faso, qui regroupe environ 300 militaires qui opèrent surtout au nord du Mali. L’armée française travaille main dans la main avec l’armée burkinabè pour lutter contre la barbarie terroriste. Le Burkina Faso a déployé deux bataillons au sein de la force des Nations unies au Mali, ce qui fait du contingent burkinabè le premier contingent de la Minusma. La France aide aussi l’armée burkinabè à monter en puissance pour pouvoir faire face à cette menace terroriste. Nous sommes déterminés à poursuivre notre coopération, sur le terrain et en matière de formation, avec l’armée burkinabè.
– Au lendemain des attaques djihadistes au Burkina Faso, les syndicats ont réaffirmé leur volonté de voir les forces étrangères quitter le pays. Comment réagissez-vous à cette sortie ?
– La présence du détachement militaire français au Burkina Faso est encadré par un accord signé entre l’Etat du Burkina Faso et l’Etat français. La présence de militaires français au Sahel contribue à diminuer la menace terroriste qui, sans cela, serait malheureusement bien pire. Souvenons-nous du Mali en 2012, avant l’intervention militaire française. Les groupes terroristes cherchent à montrer leur force et à gagner des territoires en Afrique. Seule une action collective et déterminée permettra de mettre fin à cette ignoble barbarie.
Propos recueillis par la Rédaction en collaboration avec Vita/Afroline (Italie)