C’est désormais officiel : Blaise Compaoré, l’ancien Président burkinabè, est Ivoirien. Son décret de naturalisation, signé de la main du Président Alassane Ouattara, est daté de novembre 2014, soit seulement un mois après la chute de l’ancien président. Ce décret a été publié au Journal officiel en janvier 2016.
L’ancien Président du Burkina Faso est exilé en Côte d’Ivoire depuis qu’il a été chassé du pouvoir. Blaise Compaoré fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour son implication présumée dans la mort de l’ancien chef d’Etat Thomas Sankara. Il devrait donc échapper à la justice car il ne peut pas être extradé.
Le décret numéro 2014-701 ne fait qu’une vingtaine de lignes. Signé d’Alassane Ouattara, il annonce sobrement que, suite à sa demande, Blaise Compaoré, né en 1951 à Ouagadougou, est naturalisé ivoirien. Le décret suivant annonce, lui, la naturalisation de François Compaoré, le frère de l’ancien président burkinabè.
Les textes sont datés du 17 novembre 2014, soit à peine plus de quinze jours après la chute de l’ex-chef d’Etat et son exil à Abidjan. Mais ils sont entrés en vigueur au lendemain de leur publication, le 18 janvier 2016.
Ces naturalisations interviennent donc un mois seulement après l’émission d’un mandat d’arrêt international par la justice du Burkina Faso contre l’ancien président du pays. Celui-ci est inculpé pour son rôle présumé dans l’assassinat de l’ancien Président du Burkina Faso Thomas Sankara en 1987 lors d’un coup d’Etat qui porta Blaise Compaoré au pouvoir. De plus, il est inculpé d’attentat contre la sûreté de l’Etat, complicité d’assassinat et complicité de recel de cadavre.
En tout cas, la nouvelle fait débat à Ouagadougou. Si certains partisans de l’ancien président n’y voient aucun inconvénient, d’autres en revanche, ses adversaires, qualifient d’acte « honteux » de celui qui a dirigé le Burkina Faso pendant 27 ans.
Mais, à Ouagadougou, on estime « que l’urgence est ailleurs. L’important pour la stabilité du pays, c’est surtout de neutraliser les anciens membres de l’ex-régiment de sécurité présidentielle », déclarait ainsi Alpha Barry lundi lors de sa visite à Abidjan, après l’extradition de Moussa Niébé, considéré comme un des fidèles de Blaise Compaoré. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères assurait qu’Alassane Ouattara s’était engagé à aider le Burkina Faso à arrêter les ex-soldats du RSP.
Source : RFI