Assurer la médiation entre agriculteurs et éleveurs se disputant le peu de ressources dans un contexte de changements climatiques, des personnes s’en occupent au sahel grâce à des formations données par le Projet Médiation agro-pastorale au Sahel, mis en œuvre par le Centre pour le dialogue humanitaire (HD). Des histoires de réussite collectées lors du comité de pilotage du projet tenu à Nouakchott du 08 au 10 Mars 2022.
Brigitte OUOBA, leader Communautaire dans la zone de Kantchari, Burkina Faso.
Nous avons résolu un conflit foncier entre éleveurs et agriculteurs chez nous, à Kantchari. Les agriculteurs avaient occupé une zone de pâturage, mettant en difficulté les éleveurs, qui n’y avaient plus accès. Cette situation semait de la mésentente au sein des deux communautés, qui sont allés porter l’affaire devant le préfet.
Celui-ci a fait appel nous, leaders communautaires, pour résoudre le problème.
Nous nous sommes mobilisés, et utilisé des techniques enseignées par le programme HD afin de le résoudre. En effet, le Programme HD passe par nous. Il nous a outillés et formés sur les techniques de la gestion des conflits, et ce, de façon structurée nous avons consulté les chefs de ces communautés. Nous avons sensibilisé les parties sur les conséquences désastreuses que pourrait avoir un conflit entre les communautés, puis nous nous sommes rendus avec les chefs des communautés dans la zone de conflit, et nous avons procédé à un partage équitable.
Résultat : les rancunes ont été apaisées.
Quelques jours plus tard, un mariage a été organisé dans l’une des communautés, et nous avons vu des membres de l’autre communauté venir en aide aux autres de l’autre communauté pour l’organisation de ce mariage.
Comme vous le voyez, les gens pardonnent facilement, puis finissent par se rendre service .
Meynou Ould CHEIBAN, Président du Réseau des médiateurs agro-pastoraux dans la région de Tombouctou au Mali.
Le réseau joue un grand rôle dans la résolution des conflits, non seulement au niveau de nos territoires, mais aussi au niveau des autre pays du G5 Sahel. Nous avons pu résoudre de nombreux conflits, et avons contribué à ramener beaucoup d’animaux volés à leurs propriétaires.
Notre gestion des conflits reste une gestion traditionnelle, et respecte nos us et coutumes. Elle évite le recours aux juridictions étatiques, qui font souvent preuve de lenteur. On estime que 90 % des conflits empirent à cause des lourdeurs administratives, et des frustrations qu’elles entrainent. »
Al Moustapha Amadou MAÏGA, responsable du projet « Médiation agropastorale »:
« Médiation agropastorale » intervient dans les 5 pays du G5 Sahel, principalement au niveau des frontières. J’appartiens à une organisation nommée « Centre pour le Dialogue humanitaire ». C’est une organisation de médiation, qui intervient dans plusieurs domaines : économique, humanitaire. Elle joue également un rôle dans la résolution des conflits locaux, et des conflits de plus grande importance.
Dans le cadre du projet, nous identifions les leaders communautaires impliqués dans les décisions, au quotidien, avec les pasteurs, les agriculteurs, les pêcheurs etc. Nous les mettons en réseau, et renforçons leurs capacités pour qu’ils puissent résoudre leurs conflits par leurs propres mécanismes de prévention et de gestion.
Dans le projet, il y a plusieurs volets, à savoir :
– La prévention, qui se concrétise par la mise en place de conventions locales autour des ressources stratégiques
– Le balisage des couloirs de transhumance pour animaux :
– L’amélioration des textes avec la participation des communautés, afin que ces textes puissent prendre en compte les aspirations des communautés. »
Le Projet « Médiation agropastorale », c’est 66 réseaux mis en place au niveau de 22 régions dans les 5 pays du G5 Sahel.
Ces réseaux ont travaillé à résoudre 2072 conflits de basse intensité, récupéré et restitué environ 7 900 têtes de bétail, 17 millions de FCfa volés ou impayés, récupéré de moutons, des parcelles.
Salwa CHERIF