Le grand forum de Kidal pour la paix et la réconciliation entre les signataires de l’accord de paix d’Alger aura-t-il lieu ? Telle est la question que tout le monde se pose pour l’instant. Car, à quelques jours seulement de ce rendez-vous important prévu pour se tenir du 27 au 30 mars prochain, l’atmosphère est plus que jamais tendue à Kidal.
En effet, alors que la Plateforme se dit favorable à la participation du gouvernement malien à ce forum, l’aile dure de la rébellion menée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) s’y oppose, estimant que la base n’avait pas encore été consultée. Morceaux choisis : « Nous n’avons jamais discuté avec la base de l’arrivée des officiels maliens au forum. Nous ne pensons pas qu’au stade actuel, l’opinion locale puisse comprendre », a confié un cadre du Haut conseil pour l’unicité de l’Azawad (HCUA). Et le porte-parole du MNLA d’ajouter : « Nous ne sommes pas chauds pour des assises qui parlent de la même chose, alors que d’autres sujets, notamment le partage du pouvoir qui est dit dans l’accord, se trouvent occultés ». Dont acte. Ces deux réactions sonnent comme un désaveu pour tous ceux qui avaient clamé le retour de l’Etat central dans la ville de Kidal. En fait, on ne le sait que trop bien. La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui regroupe le HCUA et le MNLA, n’a jamais renoncé à son projet sécessionniste. Ces groupes y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux.
On espère que le Gatia n’a pas tourné casaque pour rallier la cause des irrédentistes du Nord-Mali
Mais suivant les rapports de forces sur le terrain, ils donnent parfois l’impression de lâcher du lest ; histoire de gagner du temps. C’est à se demander s’ils ne sont pas en intelligence avec certains djihadistes comme Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa qui, ouvertement, ont menacé « de faire planer l’ombre d’actions terroristes sur le forum de Kidal ». En tout cas, en mettant en place un Front contre l’arrivée des officiels maliens au forum, la CMA semble jouer le jeu des djihadistes qui ne veulent pas d’une paix au Mali sans eux. Ainsi, ils donnent la preuve qu’ils sont de mauvaise foi puisqu’ils semblent se complaire dans cette situation de ni paix ni guerre. Alors, quelle est la position du Gatia dans tout ce ramdam, lui qui, il y a un peu plus d’un mois, débarquait à Kidal, la fleur au fusil ? La question mérite d’être posée quand on sait que son action avait eu un impact psychologique sur les responsables de la CMA qui, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, avaient fini par concéder la cogestion de la ville de Kidal, suivant l’accord d’Anefis. Beaucoup d’eau ayant coulé sous les ponts, on espère que ce groupe d’auto-défense connu pour être proche de Bamako, n’a pas tourné casaque pour rallier la cause des irrédentistes du Nord-Mali, surtout qu’en plus d’être des anciens frères d’armes, les membres du Gatia et ceux de la CMA sont avant tout des Touaregs. Ce scénario est à craindre d’autant plus qu’il risque de complexifier le puzzle malien en ce sens qu’il remettrait au goût du jour le problème identitaire qui a déjà fait tant de mal au pays de Soundiata Keïta.
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