Tout un symbole au Mali. Quatre ans après sa destruction par des jihadistes, une porte d’une mosquée de Tombouctou a été officiellement réinstallée hier, lundi 19 septembre. La porte «secrète» de la mosquée Sidi Yahia avait été détruite par les jihadistes au nom de la lutte contre l’idôlatrie. Elle a été restaurée entre avril et août dernier, notamment grâce à un soutien de l’Unesco.
La réinstallation s’est faite devant de nombreux notables et habitants de la ville. A la cérémonie, assistaient aussi le représentant de l’Unesco Lazare Eloundou, l’adjointe du chef de la Mission de l’ONU au Mali Mbaranga Gasarabwe et l’ambassadeur de l’Union européenne, Alain Holleville. Le maire-adjoint Drawi Assékou Maïga était présent. Joint par RFI, il ne cache pas sa joie de voir le retour de cette porte très importante dans l’histoire de la ville. Ce fut une cérémonie très émouvante, nous raconte le maire-adjoint, « parce qu’elle était tant attendue par les populations de Tombouctou qui étaient meurtries dans leur chair et leur âme ! ».
«Tombouctou, de par sa nature, n’a jamais, jamais adoré quoique ce soit ! Au contraire, Tombouctou c’est l’islam, poursuit Drawi Assékou Maïga. C’est l’islam pur et simple ! Tombouctou est une ville de culture, une ville de pardon. La religion islamique c’est la tolérance, l’acceptation de l’autre. Et c’est pour cela qu’à Tombouctou, par exemple, vous ne verrez jamais les gens s’entredéchirer. Donc aujourd’hui en tout cas, je lis sur le visage de toute la population la renaissance pure et simple de Tombouctou.
Du fond de mon cœur j’éprouve en tout cas une très grande satisfaction parce que j’ai retrouvé le battant de la porte à l’initial. Et là, ça a été quand même un réconfort très moral pour moi. Comme si cette porte ne m’avait jamais quitté ».
La « porte secrète » de Sidi Yahia, la seule à faire face au couchant, a été « restaurée par les artisans menuisiers entre avril et août 2016 », sous l’égide de l’Unesco. C’est une porte fermée par tradition et il est interdit d’y toucher.
Les sites religieux de Tombouctou ont été partiellement détruits par des groupes liés à al-Qaïda début 2012. L’un des auteurs de ces actes, le Touareg malien Ahmad Al Faqi Al Mahdi, est actuellement jugé pour destruction de patrimoine culturel par la Cour pénale internationale. Le verdict est attendu le 27 septembre. Au procès, Ahmad Al Faqi Al Mahdi a plaidé coupable et a demandé pardon, appelant tous les musulmans à s’abstenir de « ce genre d’actions dont les conséquences n’ont pas de limites et pas de bénéfices ».
SOURCE RFI