Poursuite à Paris de la conférence sur le climat, le dérèglement est perceptible en Afrique et surtout au sahel les conséquences sont variées .Il faut dire que la situation d’insécurité qui sévit dans les pays du G5 trouvent en partie leur racine dans le déséquilibre climatique. Par ailleurs, certains moyens de substance des populations locales sont menacés de disparition, c’est le cas du lac Tchad, véritable poumon économique et environnemental d’Afrique centrale, à cheval sur quatre pays : le Niger, le Tchad, le Nigeria et le Cameroun.
Cette vaste étendue d’eau, zone de pêche et d’agriculture, s’est dramatiquement asséchée depuis les années 1950. S’il n’y a pas de solution miracle, il y a des moyens d’agir pour inverser la tendance. Les acteurs de la région regroupés au sein de la Commission du bassin du la Tchad (CBLT) ont validé il y a trois semaines un plan d’action pour aider la zone à s’adapter au changement climatique. Un plan présenté ce mercredi 2 décembre.
Une des priorités de ce plan c’est de tout faire pour améliorer les conditions de vie et de travail des riverains du lac. Car sans sécurité, sans infrastructures publiques et sans ressource suffisante, les autorités de la région le savent, les jeunes risquent de migrer vers le sud ou de rejoindre les rangs de Boko Haram.
« Il y a quelques années, c’était seulement un drame écologique, rappelle Wassalké Boukhari, ministre de l’hydraulique du Niger. Aujourd’hui, c’est devenu un drame humain. Donc l’urgence c’est de faire en sorte que le bassin du lac Tchad devienne un pôle de croissance économique pour les populations rurales qui vivent dans cette zone. »
Inquiétudes au Nigeria
Le ministre nigérian de l’Environnement Suleiman Adamu se dit particulièrement inquiet pour son pays. Si le lac continue de s’assécher, cela entraînera des déplacements de populations massifs, prédit-il.
« Nous allons faire face à beaucoup plus de conflits internes si les gens quittent la région du lac pour aller vers le Sud et il y aura aussi des conflits dans les pays plus à l’Est parce que les gens vont se diriger vers l’Afrique centrale et le bassin du Congo.
Une grande partie des populations pauvres du nord du Nigeria qui vivent dans les zones sahéliennes frappées par la désertification risque aussi d’être touchée. Ces gens comptent sur les eaux souterraines pour boire, pour faire la cuisine, pour tout, il n’y a pas d’autres sources d’eau, pas de rivière dans cette zone. »
Augmenter le niveau du lac
Le soutien aux populations passe par la construction de routes, pour aider au commerce des produits. Mais aussi par l’amélioration de la qualité et le niveau d’eau dans le lac. Il faut récupérer la moindre goutte en amont, explique Mahamahe Chaïbou directeur des opérations à la Commission du bassin du lac Tchad.
« Lorsque nous augmenterons uniquement l’écoulement de l’eau dans les deux cours d’eau principaux, ça nous permettra d’augmenter de 60 centimètres le niveau d’eau dans le lac Tchad. Ça veut dire trois km² par an d’eau qu’on peut gagner dans le lac Tchad. »
Le programme d’action est estimé à 916 millions de dollars pour la période de 2016 à 2025. 10 % devraient être financés par les États, le reste par leurs partenaires.
Source rfi