L’étape la plus émouvante de cette visite de terrain plutôt inédite a été Kidal. Un Premier ministre malien ne s’était pas rendu depuis 2014 dans cette localité aux mains des ex-rebelles.
Le jour de l’arrivée de Soumeylou Boubeye Maïga, la ville avait mis ses plus beaux atours. Avec une parade de chameaux, les ex-rebelles toujours en armes se sont même mis au garde-à-vous. Et des jeunes Kidalois ont clairement affirmé qu’ils entendaient rester dans la République malienne. Le représentant spécial de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif, va jouer un rôle important pour que cette étape soit un sans-faute.
Auparavant, Soumeylou Boubeye Maïga s’est rendu à Tessalit, à Gao et à Tombouctou, dans le grand nord. Partout, le Premier ministre malien a parlé de sécurité, de paix, de développement, de réconciliation. Des annonces ont été faites dans le domaine de l’éducation, de la santé et de la jeunesse.
Dans le centre du pays, cinq localités ont été visitées, avec au programme des rencontres entre communautés dogon et peule pour apaiser les tensions. Soumeylou Boubeye Maïga a annoncé qu’il enverra au total si nécessaire 10 000 militaires sur le terrain pour protéger les populations contre les terroristes
Mais le tout-sécuritaire ne règle pas le problème de recrutement des jeunes au sein des bandes armées. Soumeylou Boubeye Maïga a annoncé la création d’une université à Bandiagara et des distributions de vivres aux populations en insécurité alimentaire. L’Etat jouera également la carte de la solidarité.
La visite à Kidal du Premier ministre est « une mesure de confiance forte », estime le porte-parole de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), Ilad Ag Mohamed, qui évoque l’accord d’Alger de 2015, qui piétine. « Cet accord souffre d’une crise de confiance énorme entre les parties signataires, déclare-t-il. Je crois qu’aujourd’hui, on tend à briser cette crise de confiance. . ».
Dans ce dialogue, faut-il inclure Iyad Ag Ghali, le chef jihadiste malien ? « Depuis un certain temps, il y a un débat autour de l’inclusion d’Iyad, répond-il. Si Iyad fait partie des solutions pour régler définitivement le problème du Mali en général, je ne vois pas d’inconvénient à ce qu’il intervienne d’une manière ou d’une autre. Paris a beaucoup revu sa position. J’ai vu les interventions récentes des officiers supérieurs français qui commencent à parler de solutions politiques. J’imagine que dans solutions politiques, cela veut dire qu’il faut exclure la manière forte ».