Le Premier ministre français Manuel Valls a exprimé vendredi sa « fierté » aux soldats de la force française Barkhane au Mali dans la base militaire de Gao, les rassurant sur les moyens dans leur combat de longue haleine contre les djihadistes.
Signe de l’instabilité persistante au Mali, plus de trois ans après le début de l’engagement militaire français, deux soldats maliens ont été tués et un blessé par « des terroristes » à Anderamboukane, à la frontière nigérienne, à environ 300 km à l’ouest de Gao, selon un communiqué du ministère malien de la Défense. Un précédent bilan faisait état d’au moins un tué dans cette attaque tôt vendredi matin.
A Gao, où se concentrent près du tiers des effectifs de Barkhane, pendant plus de trois heures, par une chaleur étouffante, M. Valls, accompagné de Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, a rencontré des militaires déployés dans un camp installé le long de la piste d’atterrissage.
Barkhane, qui a succédé en août 2014 à l’opération Serval, mobilise quelque 3 500 militaires dans cinq pays de la « bande saharo-sahélienne » : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina Faso, menacés par les groupes djihadistes.
Sa mission est de les « gêner » et « leur mettre la pression » pour les empêcher de recréer un « sanctuaire », comme en 2012 dans le nord du Mali, expliquent les militaires rencontrés sur place.
« Je veux vous faire part du soutien et de l’admiration de nos compatriotes qui sont conscients de ce que vous accomplissez sur le terrain à des milliers de kilomètres » de la France, leur a déclaré le Premier ministre.
« Il faudra de longs mois, des années, ça peut être même l’affaire d’une génération, mais avec détermination, grâce à vos engagements, nous nous battons », a-t-il poursuivi, leur exprimant à plusieurs reprises sa « fierté ».
Sujet très sensible chez les militaires, M. Valls a insisté sur les nouveaux moyens alloués par son gouvernement en juillet dans une actualisation de la loi de programmation militaire et qui ont été confortés en novembre à la suite des attentats meurtriers en région parisienne.
« C’est un effort nécessaire et c’est un effort considérable avec une augmentation de 3,8 milliards d’euros du budget de la Défense entre 2015 et 2019 », a-t-il poursuivi.
« Se sentir utile »
Soucieux d’« aller au contact » des hommes, selon la force Barkhane, M. Valls s’est fait présenter armements, équipements, matériels, ainsi que l’ensemble des moyens aéroportés de la base, notamment des hélicoptères de combat.
« On se sent forcément utiles, quand on voit quelle était la situation en 2013 et la situation aujourd’hui », explique le lieutenant Kevin, qui pilote un hélicoptère Tigre. « Le terrain est extrêmement difficile, la chaleur, le sable, surtout de nuit, on manque beaucoup de visibilité », indique le capitaine Brice, qui pilote le même engin.
« Quand on passe en convoi dans les villages, c’est une haie d’honneur », se réjouit le première classe Mickael, tireur d’élite de 23 ans, dont c’est la première mission au Mali.
De retour à Bamako en fin d’après-midi, M. Valls devait rencontrer le chef de la Mission de l’ONU (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, le commandant de la mission de formation de l’Union européenne (EUTM Mali), qui entraîne l’armée malienne, puis s’entretenir à nouveau avec le président Ibrahim Boubacar Keïta lors d’un dîner d’Etat.
Au même moment, les sept Casques bleus guinéens tués le 12 février dans une attaque djihadiste à Kidal (nord-est), dont les corps ont été rapatriés cette semaine, ont reçu des funérailles à Conakry.
« Le sang versé renforcera à jamais notre détermination à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes », a assuré le ministre guinéen de la Défense Mohamed Diané.
Le Premier ministre français se rendra samedi à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, où il sera reçu par le nouveau chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré.
Bamako et Ouagadougou ont été frappées par des attentats jihadistes, respectivement le 20 novembre (20 morts, outre les deux assaillants) et le 15 janvier (30 morts).
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda, après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée. Ces groupes djihadistes ont été en grande partie chassés du Nord à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale qui se poursuit.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix entre le camp gouvernemental et l’ex-rébellion, censé isoler définitivement les djihadistes.