Les deux instituts d’émission du franc CFA envisagent l’utilisation indifférente de cette monnaie en Afrique de l’Ouest et du centre.
Parmi les questions importantes abordées lors de la réunion semestrielle des ministres des Finances de la zone franc qui vient de se tenir à Yaoundé, il y a eu celle de l’interchangeabilité du franc CFA.
De quoi s’agit-il ?
Le franc CFA est émis par deux instituts monétaires : la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC). Jusqu’à présent, même si son appellation est la même dans les deux zones, les monnaies émises respectivement par l’une et l’autre banque centrale n’ont cours que dans leur zone d’émission. De fait, le franc CFA de la zone franc d’Afrique de l’Ouest n’est pas valable dans celle d’Afrique centrale, et vice versa.
Ce qui est en voie de changement
Si l’on en croit les gouverneurs de la BCEAO et de la BEAC, respectivement Tiemoko Koné et Lucas Abaga Nchama qui en ont donné l’assurance le 9 avril dernier à Yaoundé, la capitale camerounaise, lors de la conférence de presse de clôture de la réunion semestrielle des ministres des Finances de la zone franc, le franc CFA en vigueur dans les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), à savoir le Mali, le Burkina Faso, le Sénégal, la Guinée-Bissau, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo et le Niger, devrait bientôt être librement utilisé dans les six pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), soit le Cameroun, le Gabon, le Congo, la Guinée équatoriale, la Centrafrique et le Tchad.
Ce que les gouverneurs ont dit
« Je ne donnerai pas de date exacte (de l’interchangeabilité effective), mais c’est pour bientôt », a indiqué Lucas Abaga Nchama, qui a placé cette démarche dans la logique d’une consolidation de l’intégration des deux régions. « Nous avons beaucoup travaillé sur la question », a renchéri Tiemoko Koné, qui a cependant émis un bémol : « Malheureusement, l’évolution de la conjoncture nous amène à prendre des mesures plus rigoureuses. Les risques sont devenus beaucoup plus importants du fait de la montée du terrorisme dans ces deux parties de l’Afrique et des risques de blanchiment d’argent. » Cela dit, « bientôt, nous mettrons en place le dispositif », a rassuré Tiemoko Koné.
Les dispositions supplémentaires prises pour sécuriser l’interchangeabilité
Chantier majeur des deux banques centrales pour éviter que l’interchangeabilité à l’intérieur de la zone franc Afrique (UEMOA + CEMAC) n’ait une faille à même de permettre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent : l’interconnexion des systèmes de paiement des deux régions.
Source: Le Point