Deux femmes déguisées en homme se sont fait exploser mercredi, tuant au moins 22 personnes lors de la prière du matin dans une mosquée de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, régulièrement endeuillé par des attaques de Boko Haram.
L’attentat s’est produit vers 05H30 (04H30 GMT) dans le quartier Molai de la ville, chef-lieu de l’Etat de Borno. Le porte-parole de l’Agence de gestion des urgences de cet Etat, Abdullahi Omar, et celui de l’armée, Sani Usman, ont confirmé l’attaque à l’AFP.
« Il y a eu une explosion dans la mosquée de Molai, à la périphérie de la ville », a déclaré M. Omar. « Malheureusement, 22 personnes ont été tuées et 18 autres souffrent de blessures de gravités diverses », a déclaré M. Usman dans un communiqué.
Ce lieu de culte avait déjà été le théâtre d’un attentat le 15 octobre dernier qui avait fait 30 morts et 32 blessés.
Une autre source parmi les secouristes a toutefois donné des détails sur les circonstances de l’attaque et un bilan sensiblement plus lourd. « Ce matin, deux femmes déguisées en homme sont arrivées à la mosquée juste avant les fidèles : l’une d’elles est entrée et s’est mêlée à la foule et quand les fidèles se sont levés pour les prières, elle a déclenché ses explosifs, tuant plusieurs personnes. »
« Alors que les fidèles tentaient de fuir, la seconde femme qui attendait à l’extérieur de la mosquée s’est précipitée à l’intérieur et a actionné ses explosifs », a poursuivi la même source, qui fait état de « 22 morts et 35 blessés ».
Cette source qui a requis l’anonymat en l’absence d’autorisation pour parler aux médias, a précisé que les kamikazes avaient été identifiées comme des femmes par les rescapés et des preuves retrouvées par les secouristes.
Cet attentat porte la marque des islamistes de Boko Haram, qui visent régulièrement des cibles civiles comme les mosquées, les marchés, les arrêts de bus.
« Pas de repos »
Maiduguri, où le mouvement islamiste était apparu en 2002 avant de déclencher en 2009 une insurrection qui a fait depuis 17.000 morts, était relativement calme ces derniers mois en raison d’une importante présence militaire et d’une contre-offensive soutenue des autorités l’an passé.
Le Nigeria a déclaré que les rebelles, qui ont fait allégeance au mouvement djihadiste Etat islamique (EI), avaient été « techniquement » vaincus, malgré des attaques récurrentes dans l’Etat de Borno et au Cameroun voisin.
L’attaque de mercredi va soulever de nouveaux doutes sur l’emprise réelle de l’armée sur la sécurité et sur sa capacité à protéger les civils et les biens dans cette région aux confins du pays.
Et ce dans un contexte où le gouvernement d’Abuja encourage activement le retour de centaines de milliers de personnes déplacées par le conflit, actuellement hébergées dans des camps ou dans des communautés en ville.
« Nous tenons à réaffirmer à la population que nous allons continuer à mettre en déroute ce qu’il reste des terroristes de Boko Haram, partout où ils peuvent se cacher », a déclaré le porte-parole de l’armée, présentant ses condoléances aux familles des victimes.
« Nous n’aurons pas de repos tant que tous ceux qui orchestré ces derniers crimes odieux ne seront pas appréhendés et traduits en justice », a ajouté Sani Usman.
Le 31 janvier, au moins 85 personnes avaient été tuées dans le village de Dalori, à seulement 12 kilomètres de Maiduguri, et le 10 février, ce sont 58 morts qui étaient à déplorer dans l’attaque d’un camp de déplacés à 90 km de la même ville par deux femmes kamikazes.
La dernière attaque visant la ville de Maiduguri elle-même remonte au 27 décembre : 22 personnes avaient été tuées et 91 blessées dans une série de raids, bombardements et attaques suicides dans le faubourg de Jiddari Polo. Le 22 novembre, une femme kamikaze s’était fait sauter parmi une foule de femmes et d’enfants venus chercher refuge, tuant huit personnes.
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