Au Niger, des chefs coutumiers tentent de faire évoluer les traditions familiales en poussant au contrôle des naissances et donc à l’extension de la contraception.
Sans bruit ni fureur, une révolution est en train d’ébranler les préjugés sur la planification familiale à Zinder et Dosso, deux régions du Sud du Niger, pays d’Afrique de l’Ouest, où le taux de fécondité est le plus élevé au monde, avec sept enfants par femme en moyenne.
A la tête de la révolution : la chefferie traditionnelle, accompagnée par le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA), unis pour que « cesse la souffrance infligée aux femmes », explique le sultan de Dosso, Maidanda Djermakoye.
Haoua Mamane, 22 ans
Zainabou Mitchikane et Haoua Mamane, jeunes femmes de vingt-deux ans, vivent au fin-fond de la brousse, l’une à Tanout ; l’autre à Zabori, deux villages noyés dans l’immensité de ces régions. Toutes deux expriment leur « bonheur » de pouvoir « espacer les naissances » en utilisant la contraception. La première, élève à l’Ecole normale, mère d’une fillette, y a été sensibilisée depuis juin 2013. La seconde, bergère éduquant quatre enfants, l’a été en mars 2016. « Je suis allée à une rencontre convoquée par le chef traditionnel de mon village, en mars 2016. Il a insisté sur les bienfaits de la planification familiale. Il a aussi parlé des conséquences des mariages et des grossesses précoces », dit Haoua Mamane. « Je me suis reconnue dans ses paroles. Il est vrai que les temps sont durs, on ne trouve même plus de quoi faire manger notre bétail dans la brousse. On doit espacer les naissances. Mon époux et moi avons décidé de nous arrêter au cinquième enfant », souligne t-elle.
Zainabou Mitchikane, 22 ans
En écho, à l’autre bout du Niger, Zainabou Mitchikane se réjouit : « La contraception est arrivée comme un cadeau. J’ai été obligée d’arrêter ma scolarité pendant une année après ma grossesse. Or, je voulais à tout prix reprendre mes études et devenir enseignante avant d’avoir un deuxième enfant. »
Les regards de Zainabou et de Haoua s’illuminent quand elles évoquent l’implant (méthode contraceptive la plus utilisée dans les villages) qui a bouleversé leur vie. Combien d’autres femmes des régions de Zinder et Dosso ont-elles éprouvé le soulagement de ne plus enfanter d’une année sur l’autre ? Les chiffres montrent une évolution encourageante. A Dosso, par exemple, le taux de la contraception est passé de 18,66% en 2014 à 29,88% en 2015.
Une progression qui revient sans conteste à l’implication de la chefferie traditionnelle qui a fait de la planification familiale un combat prioritaire.
Source: TV5