En réponse aux défis sécuritaires de l’espace sahélo-saharien, les chefs d’États du G5 Sahel ont adopté en novembre 2015 un mécanisme régional de coopération policière, appelé la « Plateforme de Coopération en Matière de Sécurité » (PCMS), soutenue par l’ONUDC et l’Union européenne. L’objectif de cette plateforme est d’initier et de favoriser l’échange d’informations entre les cinq États du G5 que sont le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
Depuis janvier 2018, les cinq États du G5 Sahel échangent, pour la première fois d’une manière systématique et institutionnalisée, des informations en matière de lutte contre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme.
« L’opérationnalisation de la PCMS permet, pour la première fois dans cette région, de partager l’information relative aux évènements sécuritaires entre les forces d’application de la loi au niveau national et entre les différents pays au niveau régional. C et échange du renseignement participe à un changement structurel dans la région qui permet de mieux prévenir et de mieux lutter contre les défis transfrontaliers et de favoriser à terme la stabilité au Sahel » explique le Commissaire Principal Mohamed Denna Esseissah, coordonnateur régional de la PCMS.
L’assistance technique de l’ONUDC à la PCMS est variée, allant de la proposition de textes juridiques à l’organisation de formations destinées aux personnels des Plateformes nationales. En octobre dernier, l’ONUDC a organisé un atelier en collaboration avec le G5 Sahel qui a permis de finaliser le dispositif institutionnel d’échange d’informations et de définir son encadrement légal aboutissant aux échanges actuels.
« Outre la pertinence des informations échangées en termes d’analyse tactique et stratégique, c’est le volontarisme de cet échange et l’instauration progressive d’un climat de confiance entre les services de sécurité des cinq États qui est à souligner. C’est une avancée importante, car dans tout projet de coopération policière internationale, l’existence d’un minimum de confiance est nécessaire , non seulement pour les besoins d’échange d’informations et les autres formes d’assistance mutuelle, mais pour la vie du projet lui-même et pour son inscription dans la durée » commente M. Mostapha Mouzouni, expert international de l’ONUDC, qui accompagne la PCMS depuis sa création.
Michel Ki, coordinateur national de la PCMS du Burkina Faso, confirme l’instauration de la confiance et rappelle l’intérêt pour les Plateformes nationales d’échanger l’information. « Il s’agit d’un processus interactif, nous envoyons à la PCMS régionale des données et nous recevons en retour de l’information sur la situation à nos frontières, ce qui permet de mieux nous préparer et de mieux répondre aux défis régionaux » ajoute-t-il.
À l’heure actuelle, l’ONUDC poursuit son soutien à la PCMS avec des formations de personnels et le renforcement de la coopération régionale. À moyen terme, le second objectif de la PCMS sera de mettre en œuvre des opérations conjointes bilatérales et multilatérales.
Un tel succès a été possible grâce à l’implication directe du Secrétariat permanent du G5 Sahel à travers son département Défense et sécurité, la participation fructueuse des experts de cette organisation et la volonté d’appropriation de ce projet par les cinq États de la région.
« Grâce à ces efforts et aux résultats concrets atteints, le G5 Sahel est considéré comme un acteur crédible et incontournable de la sécurité régionale par les grands acteurs internationaux tels que le Conseil de sécurité des Nations Unies et l’Union européenne » précise Pierre Lapaque, Représentant régional de l’ONUDC en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Dans le cadre d’un partenariat avec le G5 Sahel et l’Union européenne, l’ONUDC participe également à l’appui à la Composante Police de la Force Conjointe du G5 Sahel, à travers une assistance pour sa mise en œuvre et son intégration dans l’architecture sécuritaire dans la région.
Cette assistance de l’ONUDC au G5 Sahel est financée par le Danemark, le Japon et les Pays-Bas et s’inscrit dans le cadre du Programme Sahel. L’ONUDC coordonne son appui avec l’Union européenne et la coopération allemande (GIZ) qui participent également au soutien apporté à la PCMS.