Les Etats africains doivent mettre sur pied des projets d’industrialisation pour espérer un développement efficace et durable, a indiqué le professeur de sciences économiques, Samir Amin.
Dans un entretien accordé au quotidien Le Témoin, l’économiste franco-égyptien, estime que les Etats africains doivent « tout revoir » dans les programmes de politique de développement.
« Il faut s’engager dans ce que nous appelons des projets souverains, c’est-à-dire des projets pensés par nous-mêmes, pour nous-mêmes, indépendamment des tendances et des pressions du système capitaliste mondial », a-t-il dit.
Ces projets souverains doivent être selon M. Amin, des projets d’industrialisation. « Il n’y a pas de développement possible sans industrialisation », a-t-il ajouté.
« Il n’y a même pas de développement agricole, de modernisation efficace, sans industries pour la soutenir », a soutenu l’économiste invitant les pays africains à marcher sur ses deux jambes.
Samir Amin a également qualifié les aides au développement des agences de développement des pays impérialistes occidentaux « de soutien financier destiné à nous (africains) maintenir dans notre situation de pays subordonnés, dans le sous-développement. »
A cet effet, a-t-il poursuivi, « les Africains doivent dire au revoir à tout cela et penser différemment. »
L’enseignant à l’université de Poitiers, Paris et Dakar, a cité la Chine qui pense et agit en ses termes et d’autres pays comme le Brésil ou l’Inde qui s’y essaient autant qu’ils le peuvent.
« S’engager sur la voie d’un développement autonome, sur la base de projets souverains, n’est facile pour personne, même la Chine (…). Mais, il y a une marge, même si au départ cette marge est très limitée », a préconisé Samir Amin.
Il ajoute : « La balle est dans notre camp. C’est à nous de la saisir et d’ouvrir des négociations. Mais, on ne peut ouvrir des négociations que si l’on sait ce que l’on veut. »
Source : Aps