I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Le G5 Sahel, outre sa mission principale de coordination et de suivi de la coopération entre les Etats membres en matière de sécurité et de développement est également « un instrument de développement » dont « l’originalité réside dans le couplage […] entre la défense et la sécurité d’une part, et le développement d’autre part ». La stratégie pour le développement et la sécurité (SDS), adoptée par les Chefs d’Etat, est déclinée en plans d’actions pluriannuels devant être opérationnalisés au travers du Programme d’investissements prioritaires (PIP) composé de projets régionaux structurants et des projets concernant principalement les zones frontalières, articulés autour des quatre axes stratégiques à savoir Défense et Sécurité, Gouvernance, Infrastructures et Développement Humain et Résilience.
Le PIP, adopté en juin 2014, a fait l’objet d’une actualisation lors de la session ordinaire du Conseil des ministres tenue le 06 juin 2017 à Bamako au Mali. Le Conseil des ministres, en adoptant le PIP, a donné des orientations en vue de procéder à une hiérarchisation des projets en mettant un accent particulier sur ceux issus des décisions des Chefs d’Etat tout en actualisant les coûts. De façon spécifique, le PIP devrait être redimensionné en vue de présenter une première phase 2019-2021.
En effet, les pays du G5 Sahel confrontés à de multiples défis sécuritaires, de migrations, de changement climatiques, de conflits intercommunautaires etc. ont très vite compris qu’en ce qui concerne le sahel, les enjeux de développement doivent davantage être considérés à l’échelle régionale et que les projets régionaux intégrateurs entre les pays membres doivent être privilégiés au détriment de ceux s’inscrivant dans une dimension exclusivement nationale. Les enjeux de sécurité et de développement des zones transfrontalières commandent de mettre un accent particulier sur ces zones afin de permettre un redéploiement des structures étatiques. En ce sens, la priorité centrale doit être accordée à la dimension régionale tout en appliquant le principe de subsidiarité par rapport aux autres acteurs régionaux.
Ainsi, la SDS a mis l’accent sur un meilleur équilibre et une bonne articulation entre le développement et la sécurité. Le développement intervenant dans un environnement stable et sécurisé, il est aussi vrai qu’à contrario sans perspective de développement, il n’y a pas de sécurité au sahel.
Par ailleurs, la lancinante question d’analyse des risques n’a pas été occultée. Le principal risque est bien entendu, la difficulté de mobilisation des financements au regard de la baisse tendancielle observée au niveau de l’aide publique au développement dans la région sahélienne. Un accent particulier sera donc mis dans la préparation de la table ronde par une meilleure communication et sensibilisation de haut niveau et un ciblage de partenariats innovants. L’insécurité régnante dans les zones ciblées constitue également un risque majeur pour la mise en œuvre des projets du PIP au bénéfice des populations bénéficiaires. C’est pourquoi, il a été convenu dans le Concept d’opérationnalisation de la force conjointe du G5
Sahel que les bataillons déployés dans les fuseaux puissent participer à la sécurisation des chantiers.
En outre, le choix des projets prioritaires a été fait suite à un exercice d’hiérarchisation bâtie sur des critères objectifs préalablement établis et approuvés de concert avec les Etats, et conformes aux orientations des instances suprêmes du G5 Sahel. Les principaux critères retenus sont :
(i) le caractère transfrontalier des projets : il s’agit de cibler les projets à moyen et long terme répondant aux problématiques transfrontalières permettant de couvrir les zones vulnérables des fuseaux Ouest (Mauritanie-Mali), Centre (Mali- Niger-Burkina Faso) et Est (Niger-Tchad) ;
(ii) l’impact des projets : il s’agit de mettre l’accent sur de petits projets mais à effets rapides en privilégiant les zones particulièrement démunies, ce qui devrait dans un très court terme, améliorer les conditions de vie des populations de façon concrète et visible ;
iii) la faisabilité des projets retenus sur la période 2019-2021 : il s’agit de retenir des projets matures et ceux pour lesquels des discussions sont en cours avec des partenaires. Ce sont donc des projets réalistes dont les possibilités de financement existent ou qui sont portés politiquement par les hautes instances du G5 Sahel;
iv) la subsidiarité: il s’agit de retenir des projets pour lesquels la valeur ajoutée du G5 Sahel est avérée et qui sont complémentaires aux actions régaliennes des Etats et en harmonie avec les priorités des autres organisations régionales.
(v) l’urgence d’intervention pour des raisons sécuritaire : il s’agit de tenir compte des besoins opérationnels des forces de défense pour mieux accomplir leur missions.
Sur cette base, un portefeuille de quarante (40) projets a été retenu pour cette première phase du PIP/G5 Sahel d’un coût total d’un milliard neuf-cents quatre-vingt-seize millions d’euros (1,996 Mrds €). De ce montant, deux cent quarante-neuf millions d’euros (12.5% du coût total) sont considérés comme acquis (financement attendu des états membres sous forme de contrepartie et les financements réalisés ou en cours des études par les partenaires techniques et financiers). Le gap de financement s’élève à 1,728 milliards d’euros, soit 87 % du budget total.
Les projets seront mis en œuvre par les Etats membres en coordination avec le Secrétariat Permanent. Le G5 Sahel travaillera également en synergie et en complémentarité avec les différentes organisations régionales et les partenaires au développement dans leurs domaines de compétence pour la mise en œuvre efficace des projets. Une Banque de données est constituée pour répertorier les projets non retenus à cette phase et qui serviront à alimenter les prochains cycles d’actualisation du PIP/G5 Sahel
II. PORTEFEUILLE DES PROJETS
Les projets retenus pour la première Phase 2019-2021 du PIP sont :
(i) Axe Défense et Sécurité
- Projet de promotion de la Sécurité civile
Composante 1 : Création du centre sahélien d’analyse des menaces et
d’alertes précoces (CSAMAP)
Composante 2 : Renforcement de la protection civile - Projet de renforcement des capacités en matière de défense et de sécurité
Composante 1 : Renforcement des capacités de déminage
Composante 2 : Intensification de la surveillance de l’espace régional
(renseignement aérien et humain) - Projet de formation des personnels de défense et de sécurité
Composante 1 : Appui à la création d’une académie régionale de police Composante 2 : Création d’un Collège de Défense du G5 Sahel
Composante 3 : Appui au Collège Sahélien de Sécurité.
(ii) Axe Gouvernance - Projet d’appui à la justice et à la promotion de l’état de droit dans les pays du G5 Sahel
- Projet d’appui à l’autonomisation des jeunes dans les zones affectées par les conflits et la migration
- Projet d’Initiatives Intégrées pour la Jeunesse
- Mise en œuvre de la Stratégie Intégrée de la Jeunesse du G5 Sahel
(iii) Axe Résilience et Développement humain - Renforcement de la résilience des jeunes petit (e)s exploitant (e)s agricoles au Sahel grâce à une agriculture climato-intelligente
- Projet des Femmes leaders du G5 Sahel pour le renforcement du rôle des femmes dans la consolidation de la paix sociale, du développement et de la sécurité au Sahel
- Renforcer la résilience des populations mobiles et des communautés vulnérables des pays du G5 Sahel
- Réponse éducative aux enfants hors systèmes éducatifs vivant dans les pays du G5 Sahel
- Appui au développement du pastoralisme résilient au Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Sénégal)
- Etude diagnostique des potentialités des produits agricoles, animaliers et halieutiques des Etats membres du G5 Sahel
(iv) Axe Infrastructures
4.1. Etude de faisabilité du projet de chemin de fer du G5 Sahel (le Transsahélien).
4.2 Projets de construction des routes.
1) Travaux de construction et bitumage de la route Tidjikja – Kiffa-Kankossa – Sélibaby – Khabou (frontière du Mali) (lots 1, 2, 5 et 6)
2) Travaux de construction et bitumage de la route Sandaré-Nioro (110 km)
3) Construction d’un Pont sur le fleuve Niger à Tombouctou (Tombouctou- Douentza).
4) Travaux de construction et bitumage de la route Frt Mali -Baraboulé-Djibo (70 km)
5) Travaux de construction et bitumage de la route Djibo- Dori (190 km)
6) Etudes et Travaux de Construction et bitumage de la route Balleyara-Banibangou
(160 km)
7) Travaux de construction et bitumage de la route Keita-Tamaske-Kolloma-Tahoua
(50 km)
8) Travaux de Construction et bitumage de la route Liwa-Rig Rig (53 Km)
9) Travaux de Construction et bitumage de la route NGouri – Mao (58 km).
4.3 Projets d’infrastructures aéroportuaires et service.
1) Aménagements de l’aérodrome de Zouar et des ouvrages connexes de désenclavement
2) Création de la compagnie aérienne du G5 Sahel.
4.4 Projets d’aménagements hydrauliques dans les zones frontalières.
1) Aménagements hydro-agricoles dans les régions du Centre-Nord et du Sahel (Burkina Faso);
2) Réalisation des infrastructures d’alimentation en eau potable dans les collectivités territoriales du Mali
3) Réalisation des ouvrages d’alimentation en eau potable et assainissement dans les deux Hodh (Régions frontalières avec le Mali) (Mauritanie).
4) Réalisation des ouvrages d’adduction en eau potable, d’assainissement et d’ouvrages pastoraux dans les zones frontalières (Niger)
5) Aménagement des ouvrages d’adduction en eau potable, d’assainissement et d’ouvrages hydrauliques pastoraux dans les zones frontalières (Tchad)
4.5 Projets d’électrification des zones rurales frontalières.
1) Electrification des zones rurales frontalières avec les pays du G5 Sahel (Burkina Faso)
2) Electrification des zones frontalières avec les pays du G5 Sahel (Mali).
3) Electrification des zones rurales frontalières avec les pays du G5 Sahel(Mauritanie)
4) Electrification des zones rurales frontalières avec le Mali (Niger).
5) Etude de faisabilité du projet de construction d’une centrale photovoltaïque (Tchad)
4.6 Projets de télécommunications
1) Projet de Backbone national des télécommunications (Burkina Faso)
2) Couverture des zones d’ombres frontalières du G5 Sahel en relais GSM, Internet,
radios et télévision (Mali).
3) Couverture des zones blanches et zones d’ombres en relais GSM, Internet, radios
et télévision (Mauritanie).
4) couverture des zones d’ombres frontalières du G5 Sahel en relais GSM, Internet,
radios et télévision (Niger).
5) Couverture des zones d’ombres frontalières du G5 Sahel en relais GSM, Internet,
radios et télévision (Tchad).