Le Sahel connait ces dernières années un accroissement sans précédent de la radicalisation. Ses populations subissent les conséquences directes de ce phénomène qui le ronge : extrémisme violent et attaques armées qui continuent de se multiplier. La propagation de ce fléau est difficile à contenir, et les méthodes utilisées pour le contrer, avec des approches à dominante militaire et sécuritaire, se sont avérées incompatibles avec les réalités du terrain ; au point d’être considérées comme contre-productives vu l’accroissement du ressentiment au sein des communautés, et de l’existence d’une défiance envers les autorités.
C’est une interrogation sur le déficit de considération pour la dignité et les droits des communautés et sur les moyens de résilience qui a déclenché la dynamique du projet de recherche « Compromettre la dignité ? Prévention de l’extrémisme violent au Sahel ?». Une recherche engagée par l’Université de Nouakchott al-Aasriya de Nouakchott avec les universités de Coventry (Royaume-Uni) et de Thomas Sankara (Burkina Faso), avec l’accompagnement du Secrétariat Exécutif du G5 Sahel à travers la Cellule Régionale de Prévention de la Radicalisation (CellRad).
Déjà, les travaux ont abouti à la prise en compte de concepts concrets : la dignité, le patrimoine culturel, la violence, qui pourront servir dans l’élaboration des politiques de lutte et de prévention de l’extrémisme violent dans l’espace G5 Sahel.
Le partage de ces concepts et leur méthode d’application ont été l’objet de l’atelier méthodologique sur l’historique d’apprentissage des politiques de prévention de l’extrémisme violent au Sahel.
Cet atelier, dont le signal de lancement a été donné par Mme Aichetou Mint el Hacen, Chargée de mission au Ministère mauritanien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a eu lieu à Nouakchott, capitale de la Mauritanie, du 8 au 10 mars 2022.
Selon le Dr Abdoul Aziz Sall, spécialiste des conflits armés et de maintien de la paix en Afrique « cet atelier a été l’occasion de partager de nombreuses connaissances avec nos confrères du Burkina Faso, du Tchad, du Niger et du Mali ».
Un avis partagé par Med Abdellahi Bellil, Journaliste, chercheur dans le domaine de l’extrémisme violent, qui renchérit : « J’ai beaucoup appris de cet atelier, surtout en ce qui concerne l’extrémisme violent, qui est malheureusement d’actualité dans notre pays. Et en la matière, il y a beaucoup de choses encore à faire, des concepts à approfondir et une méthodologie qu’il faut utiliser pour obtenir les résultats escomptés ».
Atikatou Dieng, personne-ressource, a, quant à elle, déclaré : « Cet atelier nous a permis de conforter ce que nous savions déjà, d’apprendre également, par le biais de partage d’expériences et de connaissance, une meilleure méthode d’analyse de l’approche dans la lutte contre l’extrémisme violent ».
Il est permis d’espérer que les recommandations issues de cet atelier pourront permettre à chacun de pouvoir affiner ses méthodes d’analyse, de renforcer ses capacités, et, certainement, de bâtir une nouvelle méthodologie d’analyse de la problématique de l’extrémisme violent au Sahel.