Message du Président en exercice du G5 Sahel
Notre ambition en créant le 16 février 2014 à Nouakchott en République Islamique de Mauritanie le G5 Sahel est de garantir dans nos pays les conditions de paix, de sécurité et de développement durable partout et pour tous.
Il s’agira à terme de «Faire des pays du G5 Sahel un espace économiquement intégré, socialement prospère, culturellement riche, où la sécurité et la paix règnent durablement, en se fondant sur l’état de droit, la bonne gouvernance et la démocratie, par la création d’une communauté moderne ouverte à l’innovation et à la technologie, unie, solidaire et tolérante, contribuant efficacement à l’amélioration constante de la qualité de vie de toutes ses populations à tous les niveaux».
En effet, les peuples du G5 Sahel, unis par des liens séculaires et multiformes, déterminés à conjuguer leurs efforts en vue de faire de leur espace un havre de paix, de prospérité et de concorde et persuadés de l’interdépendance des défis de la sécurité et du développement, sont résolument déterminés à faire face aux défis auxquels ils sont confrontés, à savoir :
- (i) la garantie permanente de la paix et de la sécurité ;
- (ii) le besoin de disposer d’institutions démocratiques stables et pérennesavec une forte implication des populations ;
(iii) la nécessité de corriger les disparités intra et inter régionales et de
promouvoir les zones les moins développées ;
- (iv) le développement des infrastructures (transport, énergie, hydraulique ettélécommunications, etc.) ;
- (v) l’assurance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et ledéveloppement du pastoralisme ;
(vi)le développement humain (démographie, santé, éducation et formation
technique et professionnelle) ;
(vii) l’atténuation des effets du changement climatique et la gestion de
l’eau.
Les pays du G5 Sahel sont convaincus que seule une action commune et concertée est à même de relever ces défis et que l’intégration régionale et la
solidarité entre Etats sont les préalables indispensables pour l’optimisation de l’exploitation de leurs potentialités et le renforcement de leur résilience.
Ils se félicitent de l’ampleur inédite de l’élan de solidarité internationale à travers différentes initiatives visant à aider à faire face aux problèmes de sécurité et de développement que connaît le Sahel.
Ils décident dans un souci de responsabilisation et d’appropriation de la dynamique, d’élaborer et d’adopter une Stratégie pour le Développement et la Sécurité, claire et cohérente devant servir de feuille de route en la matière.
Aussi, tirant les leçons du passé, et faisant un diagnostic franc et sans détour du contexte actuel de la sécurité et du développement dans notre espace, assignent-ils, à la Stratégie pour le Développement et la Sécurité, articulée autour d’axes programmatiques de guider l’action commune des pays du G 5 Sahel.
Cette stratégie vise à atteindre une croissance vigoureuse, soutenue, solidaire, productrice d’emplois surtout pour les jeunes et les femmes en garantissant l’intégration économique régionale, la paix et le bien être individuel et collectif, et en faisant de la sécurité une condition sine qua none du développement durable.
Aussi, la Stratégie pour le Développement et la Sécurité du G5 Sahel doit être perçue comme un instrument flexible, intégrant en permanence les facteurs exogènes et endogènes dans sa mise en œuvre, un document de référence et un cadre de dialogue pour tous les acteurs tant au niveau des Etats et de la région, qu’au plan international dans les domaines de la paix, de la sécurité et du développement.
Les Gouvernements des Etats membres du G5 Sahel se donneront les moyens pour coordonner la mise en œuvre de la Stratégie pour le Développement et la Sécurité, de mobiliser les ressources internes et externes et de les utiliser de manière plus efficace.
J’exhorte nos populations, en particulier les jeunes et les femmes, les Etats, les Institutions, les élus, le secteur privé, la société civile, les enseignants et chercheurs et les partenaires au développement à se l’approprier et à
s’impliquer pleinement dans sa mise en œuvre en vue d’assurer son succès. C’est à ce prix que nous pourrons retrouver la place qui est la nôtre dans le concert des Nations, au bénéfice de tous les citoyens de notre espace.
Plus que jamais, il est temps que nous relevions de manière durable, le défi du développement et de la sécurité ; je sais en cela pouvoir compter sur l’honneur, la dignité et le génie de nos grands peuples.
« Ensemble, conjuguons nos efforts pour faire des pays du G5 Sahel, un espace de paix, de prospérité et de concorde »
Introduction
La formulation du Document de Stratégie pour le Développement et la Sécurité du G5 Sahel est une recommandation du Sommet des Chefs d’Etat des pays membres de l’organisation qui s’est tenu à Nouakchott le 16 février 2014.
Le Document de Stratégie pour le Développement et la Sécurité (SDS) du G5 Sahel constitue l’une des références pour toutes les interventions du G5 Sahel et ses PTF. Il cherche à offrir(i) aux Etats membres, une meilleure visibilité des actions à mener;(ii) aux organisations internationales et autres partenaires, un cadre stratégique approprié pour une meilleure hiérarchisation de leurs interventions et leur intégration aux programmes nationaux afin de maximiser les effets sur la sécurité et le développement.
Dans cette perspective, la SDS représente un important instrument de facilitation du dialogue entre les organisations internationales, entre les pays et ces organisations, et entre les pays eux-mêmes.
Elle vise à compléter les efforts des États membres en vue de garantir la sécurité des personnes et des biens pour un développement durable. En phase avec les orientations stratégiques des cadres de politique de développement économique et social des pays, et avec la problématique générale de développement et de sécurité dans l’espace sahélien et eu égard aux contextes géographique, démographique, économique et sécuritaire, elle se traduit dans les axes principaux suivants :
(i) Défense&Sécurité;
(ii) Gouvernance ;
(iii) Infrastructures
(iv) Résilience et développement humain.
La vision globale qui guide la Stratégie repose avant tout sur la sécurité et le développement économique et social, soutenus par la démocratie et la bonne gouvernance dans un cadre de coopération intra-régionale et internationale mutuellement bénéfique.
Le document est structuré en quatre chapitres :
- le premier est relatif au contexte général des pays du G5 sahel ;
- le deuxième présente la vision, les objectifs et les principes directeurs de la SDS ;
- le troisième traite des axes stratégiques et des risques ;
- et le quatrième est consacré au cadre de mise en œuvre de la stratégie.
Chapitre 1 : Contexte général et principaux défis
I. Contexte général
Le terme « Sahel » d’origine arabe, désigne la région géographique correspondant à la bande méridionale du désert du Sahara. Cette aire appelée bande sahélo-saharienne s’étend de la Mauritanie à l’Érythrée et correspond entre autres aux espaces des pays comme le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad qu’on peut désigner comme « Principaux États sahéliens ». Ces Etats connus aussi comme « Etats écologiquement fragiles » sont aujourd’hui confrontés au problème d’insécurité qui vient s’ajouter à celui du faible niveau de développement.
Malgré les efforts déployés par les Etats concernés pour assurer la sécurité des populations et promouvoir le développement socio-économique, le contexte se caractérise :
Au plan géographique: Les cinq pays qui composent le G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) s’étendent sur une superficie de 5 097 138 km2 soit un peu plus du cinquième du continent africain et totalisent 28 761 km de frontières. La région du Sahel est délimitée par le désert du Sahara au nord, l’océan Atlantique à l’ouest, la vallée du Nil à l’est et la savane subtropicale (Soudan) au sud. Elle s’insère dans la région géopolitique du Sahara au sens large. C’est une zone aride, qui couvre plus de deux tiers de la superficie totale de ces pays. Des cinq pays, seule la Mauritanie a un front de mer sur plus de 700 km. On y rencontre les zones climatiques suivantes :
- la zone saharo-sahélienne : pluviométrie annuelle entre 100 et 200 mm ;
- la zone sahélienne typique : pluviométrie annuelle entre 200 et 400 mm ;
- la zone sahélo-soudanienne : pluviométrie annuelle entre 400 et 600 mm.
La hausse progressive des températures est également perçue comme une cause potentielle de l’appauvrissement des sols et de la désertification. Depuis plus de trois décennies, les pays du G5 Sahel connaissent des périodes cycliques de sécheresse et d’inondation qui affectent sérieusement la situation alimentaire et nutritionnelle des populations.Au plan démographique : La population des pays du G5 Sahel est estimée en 2015 à 69 161 109 habitants. Ces pays se caractérisent par un peuplement très peu dense, fort diversifié dans sa répartition sociologique et une forte croissance démographique, partout supérieure à 2,5% par an et même à 3% au Mali, au Niger et au Tchad. Ces taux sont plus élevés que la moyenne subsaharienne qui est de 2,7%. En outre, cette population est très inégalement répartie sur les territoires nationaux avec une densité moyenne de 13,14hbts/km2 en dehors de la Mauritanie (3.85hbts/km2) et du Burkina Faso (65hbts/km2).C’est une population essentiellement jeune (pourcentage des 10-24 ans dans la population 37.22% en 2012), vivant de plus en plus en milieu urbain (taux moyen d’urbanisation 33% en 2013). Cette structure de la population, essentiellement à charge, exerce une pression considérable sur l’ensemble des ressources, en particulier sur les services sociaux, les infrastructures et l’environnement.
Elle pose avec insistance l’importante question de l’emploi, notamment des jeunes, et favorise le développement du secteur informel, accentuant au passage la précarité et faisant le lit de l’insécurité.
Au plan du développement humain : Les pays du G5 Sahel accusent un retard important concernant les dimensions du développement humain, notamment l’éducation, l’alphabétisation et la santé, et ce malgré les efforts réalisés par les Etats du G5 Sahel ces dernières décennies.
Selon le Rapport Mondial sur le Développement Humain (RMDH) de 2014, les Etats du G5 Sahel affichent de faibles valeurs d’indice de développement humain IDH . (Voir tableau des indicateurs, page 9).
Au plan de la sécurité alimentaire et nutritionnelle : Depuis les sécheresses et la famine des années 1973-1974, les populations des pays membres du G5 Sahel vivent dans une situation d’insécurité alimentaire quasi-permanente, en dépit d’importantes potentialités en ressources naturelles dont ils disposent.
La sécurité alimentaire au Sahel est fortement dépendante des productions agricoles, animales et halieutiques qui ne parviennent pas à couvrir de manière adéquate les besoins des populations. Les changements climatiques constituent une menace réelle pour la croissance et le développement durable pour les pays du G5 Sahel qui sont menacés par les extrêmes climatiques notamment la sécheresse, les inondations, les vagues de chaleur, des vents violents et tempêtes de poussière. L’agriculture, l’élevage et la pêche qui représentent les principales sources de subsistance et de revenus des populations en majorité rurale sont tributaires de ces extrêmes climatiques.
Selon les données issues du Cadre Harmonisé2 sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest pour la campagne 2015-2016, la malnutrition perdure malgré une campagne agropastorale globalement bonne. En dépit de la bonne production, environ 6,7 millions de personnes sont actuellement affectées par l’insécurité alimentaire dont près de 4,2 millions de personnes déplacées dans la région en raison de l’insécurité civile.
La situation nutritionnelle est très préoccupante dans les pays du G5 Sahel, en dépit des efforts déployés par les Etats et leurs partenaires. Environ 5,9 millions d’enfants de moins de cinq ans risquent de souffrir de malnutrition aiguë en 2016 dont 1,9 million dans sa forme sévère, si des mesures adéquates ne sont pas prises.
Au plan économique :La configuration de l’économie des pays du G5 Sahel met en évidence le poids des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques, basées, d’une part, sur des techniques et technologies de production traditionnelles et inefficaces et, d’autre part, soumises à une forte poussée démographique et aux aléas climatiques.
Ainsi, la croissance économique a été dans ces pays très erratique, en raison des aléas climatiques et des chocs exogènes récurrents. Cette volatilité influe négativement sur le développement économique et social des Etats à travers la persistance de l’état de pauvreté des populations.
L’élevage est présent partout au Sahel et contribue à faire vivre une grande partie de la population. Le pastoralisme est l’une des principales activités économiques de cet espace.
Même si la croissance économique des dernières décennies est structurée autour des ressources minières et des industries extractives largement destinées aux exportations, le secteur primaire sera pour longtemps le principal facteur de la croissance économique des pays du G5 Sahel et source de revenus pour les populations.
Sur la base des PIB de 2014, on retiendra une moyenne de 895, 18 $/US par habitant, avec le Tchad en tête avec 1403, 90 $/US par habitant et le Niger au bas du tableau avec 484, 40 $/US. Les pays du G 5 Sahel font ainsi partie des pays les plus pauvres du monde
Cette incidence de la pauvreté au plan monétaire est en moyenne de 40.7% et concerne près de la moitié de la population. On constate paradoxalement que le Tchad, qui avec le PIB le plus élevé de la région, a l’incidence de pauvreté le plus élevé avec 46.7%. Le Niger a le taux le plus bas avec 31,5%.
Au plan du développement des infrastructures : les pays du G5 Sahel accusent un retard important dans le domaine des infrastructures telles que les transports, l’énergie, l’hydraulique et les télécommunications.
En matière d’infrastructures de transport, les pays disposent de peu de linéaires de routes aménagées et surtout dans les zones rurales à faible densité humaine. La densité de routes couvertes en asphalte se situe en moyenne autour de 0.4%. Il en est de même au niveau du transport ferroviaire, aérien et fluvial. Les pays sont faiblement desservis par desinfrastructures de transport adéquates, ce qui se traduit par l’enclavement de territoires entiers, des coûts de transport élevés et la cherté des produits de consommation importés.
En ce qui concerne les infrastructures ferroviaires, beaucoup d’efforts restent à faire afin de permettre aux pays sans littorale de créer des conditions de transport des marchandises pour leur ravitaillement par la construction de réseaux ferroviaires entre les Etats.
Dans le domaine des infrastructures énergétiques, les principales sources d’énergie demeurent d’origine thermique dans la plupart des pays avec le corollaire d’achat de carburant et de groupes électrogènes à des prix exorbitants pour des rendements souvent désespérants. En
moyenne3, le pourcentage de la population disposant d’un accès à l’électricité dans l’espace du G5 Sahel est de 16.3%. La part des énergies renouvelables est très faible alors qu’il existe d’énormes potentialités dans ce domaine. De ce fait, le coût de l’énergie reste élevé, aussi bien pour les ménages que pour les industries.
Au niveau des infrastructures hydrauliques, toutes les statistiques élaborées sur le Sahel montrent l’immensité des besoins à satisfaire en dépit des énormes potentialités (eau de surface, eau souterraine). En effet de l’adduction en eau potable pour les populations aux abreuvoirs pour bétails, en passant par les installations hydro-agricoles pour l’agriculture, lesdéfis à relever restent nombreux afin de stabiliser les populations dans leur terroir d’origine.
Enfin, la question de la communication demeure également une préoccupation centrale au niveau du G5 Sahel. En 20154, 81% des ménages des pays développés avaient accès à l’internet, comparé à 34 % seulement dans les pays en développement et 7 % dans les pays les moins développés (dont font partie les pays du G5 Sahel).Ce faible accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC) peut parfois être une source de danger pour certaines populations de ces pays car elles sont dans l’incapacité de lancer des alertes et de prévenir les forces de sécurité sur des mouvements suspects.
Au plan sécuritaire : La situation sécuritaire dans le Sahel-Sahara se caractérise par des défis dont les plus importants sont le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, qui s’ajoutent à la résurgence des rébellions armées et des conflits intercommunautaires. Ces deux menaces sont enchevêtrées l’une dans l’autre, compliquant de ce fait la lecture du phénomène.
Les menaces sécuritaires dans la zone sahélo-saharienne sont principalement liées aux activités des groupes terroristes (‘Al-Qaïda au Maghreb Islamique, BOKOHARAM) et d’autres groupes narcoterroristes. La porosité des frontières des pays du G5 Sahel facilite la synergie entre ces groupes criminels et terroristes et favorise également la migration clandestine dont le Niger, le Mali et la Mauritanie constituent les principaux points de passage. D’où la nécessité pour ces Etats, avec l’accompagnement de la communauté internationale, de mutualiser leurs efforts en vue d’endiguer le phénomène.
Les forces de défense et de sécurité sont caractérisées par des sous-effectifs, l’insuffisance de professionnalisme et la précarité des équipements.
L’étendue du territoire et le développement des moyens utilisés par les trafiquants et les terroristes constituent désormais des facteurs majeurs à intégrer dans les stratégies de lutte contre cette menace terroriste.
L’apparition de menaces asymétriques, tels le terrorisme, le banditisme et les trafics de tous genres rendent nécessaires une redéfinition des missions des forces de défense et de sécurité, un effort en formation et en restructuration ainsi que l’acquisition d’équipements adéquats.
Par conséquent, un effort financier important, soutenu par une coopération intra-régionale renforcée et une mutualisation des moyens de sécurité et de défense sont désormais indispensables.
Au plan de la gouvernance : Malgré l’instabilité sociopolitique qui a caractérisé les pays de la région durant les dernières décennies, ceux-ci ont connu des avancées considérables dans l’apprentissage de la démocratie qui s’illustre notamment par la mise en place d’institutions démocratiques, l’organisation d’élections apaisées, l’alternance démocratique et la garantie des libertés publiques et individuelles.
Les pays du G5 Sahel se sont dotés de tout l’arsenal juridico-institutionnel d’un Etat moderne, conformément à leurs textes fondamentaux et aux traités internationaux qu’ils ont ratifiés.
Il reste à mettre l’accent sur le fonctionnement harmonieux et efficace de l’ensemble des institutions. En effet, s’appuyant sur les statistiques de la Banque mondiale en matière de gouvernance, on constate que les indicateurs des pays du G5 Sahel sont moyennement (voire faiblement pour certains pays) notés sur une échelle de 1 à 6. (Voir tableau des indicateurs, page 10).
Globalement, la situation de l’espace G5 Sahel se caractérise entre autre par : i) un faible accès aux services sociaux de base ; ii) une faible couverture en infrastructures de base (transport, énergie, hydraulique et communication) ; iii) une faible couverture par les forces de défense et de sécurité liée à leur sous-effectif et à l’insuffisance d’équipements en qualité et en quantité ; iv) une infiltration de la zone par des mouvements djihadistes et des trafiquants de tous genres ; v) une jeunesse désœuvrée et analphabète qui résiste mal à la tentation des groupes organisés et est encline à la délinquance (tabagisme, alcoolisme, drogue) ; vi) la faiblesse, voire l’absence de l’Etat dans certaines zones ; vii) les sècheresses cycliques ; viii) une migration clandestine ;ix) des déplacements involontaires ;x)des problèmes fonciers ruraux sur fonds de conflits intercommunautaires.
II. Principaux défis
Au regard des constats majeurs ci-dessus évoqués, les principaux défis auxquels les Etats membres du G5 Sahel sont confrontés et pour lesquels la Stratégie pour le développement et la sécurité doit contribuer à apporter des solutions se présentent comme suit :
- la sécurisation des personnes et des biens et la consolidation de la paix en faveur du développement et de la cohésion sociale ;
- la sécurisation des frontières ;
- le contrôle et la gestion des flux migratoires ;
- la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre ;
- la lutte contre le terrorisme et les trafics illicites ;
- la coordination des interventions des acteurs à différents niveaux et l’harmonisation des mécanismes de lutte contre l’insécurité, le terrorisme et la criminalité organisée ;
- le désenclavement de la zone par le développement des infrastructures et des services dans les domaines du transport, de l’énergie, de l’hydraulique et des télécommunications ;
- le développement des zones fragiles à faible densité humaine et la répartition équitable des revenus provenant d’activités économiques à forte intensité de capital ;
- la garantie de la sécurité alimentaire et le développement du pastoralisme ; l’atténuation des effets et l’adaptation aux changements climatiques;
- la promotion de la santé ;
- le développement de l’éducation et de la formation technique et professionnelle spécifique pour les populations de l’espace, notamment pour les nomades;
- la maîtrise des leviers de la croissance démographique ;
- la création d’emplois décents pour les jeunes et les femmes ;
- la stabilisation et la pérennisation des institutions démocratiques, l’effectivité de la présence de l’Etat et la couverture des services publics dans l’espace ;
- le renforcement de la démocratie et de l’état de droit ;
- le renforcement de la décentralisation et de la gouvernance locale.
III.Prise en compte de la dimension genre et droits humains
En raison du rôle important joué par les femmes dans la stabilisation et le développement et de leur potentiel à exercer une influence positive sur les processus politiques et économiques ainsi que sur les processus de paix, la SDS du G5 Sahel tiendra le plus grand compte de la dimension genre et des droits humains dans les projets et programmes qui y seront retenus.
Il en sera de même pour les questions de jeunesse qui seront traitées de façon transversale dans toutes les actions du G5 Sahel pour répondre aux préoccupations exprimées par les Chefs d’Etat lors du Sommet du 20 novembre 2015 à N’Djamena.
Chapitre 2 : Vision, objectifs et principes directeurs
I. Vision
La vision globale qui guide la Stratégie repose avant tout sur la sécurité et le développement économique et social soutenus par la démocratie et la bonne gouvernance dans un cadre de coopération intra-régionale renforcée et de partenariats stratégiques mutuellement bénéfiques. Elle contribue à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD), de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine (UA) et des engagements internationaux de sécurité et de développement auxquels les Etats membres ont librement souscrits.
La SDS du G5 Sahel s’appuie sur la vision commune suivante :
Faire des pays du G5 Sahel un espace économiquement intégré, socialement prospère, culturellement riche, où la sécurité et la paix règnent durablement, en se fondant sur l’état de droit, la bonne gouvernance et la démocratie, par la création d’une communauté moderne, ouverte à l’innovation et à la technologie, unie, solidaire et tolérante, contribuant efficacement à l’amélioration constante de laqualité de vie de toutes ses populations et à tous les niveaux.
II.
Faire des pays du G5 Sahel un espace économiquement intégré, socialement prospère, culturellement riche, où la sécurité et la paix règnent durablement, en se fondant sur l’état de droit, la bonne gouvernance et la démocratie, par la création d’une communauté moderne, ouverte à l’innovation et à la technologie, unie, solidaire et tolérante, contribuant efficacement à l’amélioration constante de laqualité de vie de toutes ses populations et à tous les niveaux.
Objectifs et résultats 1) Objectifs
La Stratégie pour le Développement et la Sécurité a pour objectif global de contribuer par des actions régionales à assurer le bien-être socio-économique des populations de l’espace du G5 Sahel, à travers une croissance inclusive et soutenue dans un environnement sécurisé. Il s’agit de manière spécifique :
- de renforcer la sécurité des personnes et des biens des pays membres du G5 Sahel ;
- d’œuvrer pour le désenclavement des pays membres, en priorité les zones transfrontalières ;
- de promouvoir la bonne gouvernance, socle de la paix, de la stabilité et dudéveloppement ;
- d’accroître les capacités de production, de création de richesses et l’accès aux servicessociaux de base.
2) Résultatsattendus
Le résultat global recherché à travers la mise en œuvre de la Stratégie pour le Développement et la Sécurité des pays du G5 Sahel est que « le niveau de vie des populations soit amélioré de manière significative, particulièrement pour celles des zones transfrontalières marginalisées et à faible densité humaine dans un environnement sécurisé ». Ce résultat global sera atteint à travers la réalisation des résultats stratégiques suivants :
1. la paix et la sécurité dans l’espace du G5 Sahel sont instaurées de façon durable, grâce au renforcement de la lutte contre le terrorisme et la criminalité, le renforcement des capacités d’intervention des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), le renforcement de la sécurité des personnes et des biens, le renforcement des capacités des sociétés à lutter contre l’extrémisme et la radicalisation et la coordination des stratégies de lutte contre le crime organisé ;
2. la gouvernance inclusive et l’état de droit sont assurés dans l’espace du G5 Sahel par l’appui aux processus électoraux des pays, le renforcement de la justice et de l’état de droit, le renforcement de la transparence de l’administration et l’obligation de rendre compte, le renforcement de la cohésion sociale, le rétablissement et le renforcement de la présenceadministrative de l’Etat dans les zones à faible densité humaine, l’autonomisation des collectivités et des communautés par le renforcement de la décentralisation et de la déconcentration, le développement de l’état civil, la lutte contre la corruptionet la promotion de l’éducation à la citoyenneté et à la paix ;
3. la zone de l’espace du G5 Sahel est désenclavée et connectée aux espaces économiques régionaux, notamment par le développement d’un réseau régional interconnecté d’infrastructures de transport et des services associés, d’infrastructures énergétiques ainsi que des infrastructures de proximité tels que les aménagements hydrauliques et des infrastructures d’accès aux Technologies de l’Information et de la Communication ;
4. la résilience des populations de l’espace du G5 Sahel est renforcée par la gestion rationnelle et la protection des ressources naturelles, le développement d’opportunités économiques et d’emplois pour les jeunes et les femmes, le soutien au pastoralisme et le développement de chaines de valeurs agro-sylvo-pastorales et le développement de services sociaux de base (santé, éducation, eau potable).
III. Principes directeurs
La SDS repose sur les quatre principes directeurs de durabilité, d’appropriation, de cohérence et de subsidiarité avec un accent particulier sur le « faire-faire », la Gestion Axée sur les Résultats (GAR) et le développement d’un partenariat stratégique en privilégiant les zones transfrontalières, enclavées et à faible densité humaine.
Durabilité : Il s’agit de s’appuyer sur les acquis et les programmes déjà existants dans les différents pays en matière de sécurité, de gouvernance, de développement des infrastructures
et de développement socio-économique, de les valoriser, de les compléter et d’en assurer la cohérence et la pérennité.
Appropriation : La Stratégie est formulée sur la base des recommandations de la Conférence des Chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel. Ses priorités sont basées sur les besoins des populations de cet espace. Les projets et programmes, moyens de mise en œuvre de la SDS seront initiés, conçus et formulés de façon endogène selon une démarche participative et inclusive. Les moyens humains, matériels, financiers et politiques nécessaires à la bonne exécution desdits projets et programmes seront mobilisés par le Secrétariat Permanent avec l’appui des Etats et de la Communauté Internationale. Les Etats membres bénéficiaires de ces actions doivent être fortement impliqués et responsabilisés à toutes les phases de leur mise en œuvre.
Cohérence : La Stratégie repose sur l’action régionale. Elle ouvre le champ de la coopération intra-régionale (entre les 5 pays du G5 Sahel) à tous les horizons sans exclusive dans l’intérêt bien compris des populations de la zone. Elle est mise en cohérence avec d’autres stratégies portées par les autres organisations régionales et internationales. Les actions seront en effet menées en étroite concertation et en synergie avec les organisations régionales existantes pour éviter les duplications et la dispersion des efforts et en maximiser l’impact. Cette mise en cohérence et cette recherche de synergie concerneront aussi bien la constitution du portefeuille des projets que les sources de financement.
Subsidiarité : En dehors des domaines de compétences qui lui sont propres, le G5 Sahel n’agit que si son action est plus efficace et apporte une valeur ajoutée à l’action des Etats. La Stratégie s’appuie sur les compétences spécifiques et les avantages comparatifs des parties prenantes.
Chapitre 3 : Axes stratégiques et les risques
I.
Chapitre 3 : Axes stratégiques et les risques
Axes stratégiques
Pour atteindre les résultats stratégiques et relever les défis de sécurité et de développement dans l’espace sahélo-saharien, quatre axes stratégiques sont identifiés. Il s’agit de : i) la défense &la sécurité ; ii) la gouvernance ; iii) les infrastructures ; iv) la résilience et le développement humain. Ces axes sont déclinés en un Programme d’Investissements Prioritaires (PIP).
A. La défense & la sécurité 1) Justification
Les pays du G5 Sahel sont de plus en plus vulnérables à l’insécurité qui résulte des conflits armés, des activités terroristes, des trafics et de la criminalité organisée. Les organisations de narcotrafiquants et narco terroristes commettent des actes d’interventions illicites et de violation des droits de l’homme, amplifiés par le trafic d’armes et compromettent ainsil’exercice de l’autorité de l’État.
Les pays membres du G5 Sahel ont besoin d’une utilisation renforcée et coopérative des moyens de lutte contre l’insécurité, notamment dans le domaine de la défense nationale, de la surveillance du territoire, de la police judiciaire, de la cybercriminalité, du contrôle des flux migratoires, de la lutte contre la criminalité organisée transnationale et du terrorisme.
2) Objectifs
Cet axe vise à renforcer la sécurité des personnes et des biens et à lutter contre le terrorisme, la criminalité organisée, le trafic illicite et la migration clandestine dans le respect et la protection des droits humains. A cette fin, le G5 Sahel se dote de dispositifs spécifiques pour renforcer la coopération intra-régionale en matière de défense et de sécurité.
3) Actionsprioritaires
Les actions prévues sont:
- le renforcement de la sécurité des personnes et des biens dans les pays et au niveau des frontières ;
- la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée dans le respect et la protection des droits humains ;
- le renforcement et l’appui aux institutions engagées dans la lutte contre le trafic illicite, le terrorisme et la criminalité organisée tout en assurant la sécurité transfrontalière et la lutte contre la migration clandestine ;
- le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité en matière de coopération intra-régionale, d’aptitude opérationnelle et d’interopérabilité;
- le renforcement de la lutte contre la prolifération des armes légères.
B. La gouvernance
1) Justification
La précarité de la gouvernance et son effet sur les institutions étatiques ont dramatiquement réduit la capacité des États du G5 Sahel à assurer avec efficacité les services publics, à promouvoir une large participation des citoyens à la vie politique, à garantir les droits de l’homme et à lutter contre la corruption ave un accès équitable aux services sociaux de base.
D’importants progrès ont été enregistrés au plan de la gouvernance politique, administrative, économique et locale. La mise en œuvre des principes de bonne gouvernance, d’une manière générale tend à garantir l’efficacité de l’action publique et à approfondir le processus démocratique dans les pays du G5 Sahel.
Aussi importe-t-il de renforcer les capacités des administrations publiques (fonction publique et collectivités territoriales) à livrer des services de qualité notamment dans les zones à faible densité humaine et de pallier la faiblesse, voire l’absence de l’Etat dans ces zones, de concevoir des outils et instruments efficaces de gestion des communes.
Il faut également poursuivre les efforts déjà entrepris en matière de décentralisation et de déconcentration de l’Etat. Dans cette optique, il faudra promouvoir la gouvernance locale, en favorisant l’appropriation et l’opérationnalisation des politiques et stratégies de développement par les acteurs parties prenantes et en privilégiant la régionalisation et la communalisation des politiques nationales de développement par l’accélération du transfert des ressources et des compétences.
Un accent particulier sera mis sur la participation citoyenne par la promotion d’une société civile régionale et d’un secteur privé compétitif qui seront structurés et appuyés en vue de mieux contribuer à la promotion d’une bonne gouvernance à différents niveaux.
2) Objectifs
Il s’agit pour les pays du G5 Sahel de promouvoir la bonne gouvernance qui repose sur les principes fondamentaux de la participation, de l’obligation de rendre compte, de la transparence et de la responsabilité de l’Etat et des citoyens afin de garantir un développement humain digne et équitable.
Le choix d’une bonne gouvernance, dans ses dimensions politique, administrative, locale, économique et financière, juridique et judiciaire, religieuse et sécuritaire repose sur un partage de rôles et de responsabilités entre l’Etat, les collectivités territoriales et les citoyens. Sa réalisation passe nécessairement par le renforcement des capacités des acteurs et la prise en compte des réalités socioculturelles.
3) Actionsprioritaires
Au niveau de cet axe, il est prévu les actions suivantes :
- la mise en place d’un fichier électoral biométrique et le renforcement des capacités des parties prenantes aux processus électoraux pour la tenue régulière d’élections libres et transparentes ;
- la mise en œuvre d’actions en vue d’améliorer l’accès des citoyens à la justice à travers la réhabilitation, la construction et l’équipement des infrastructures de justice, le renforcement de capacités des pôles judiciaires, la promotion et la protection des droits humains ;
- l’appui aux processus de décentralisation et de déconcentration dans les pays du G5 Sahel par le renforcement des capacités des acteurs de cette dynamique à différents niveaux ;
- la modernisation et le renforcement des capacités des structures en charge de l’état civil dans les différents pays;
- la sensibilisation et la formation dans le domaine de la gouvernance religieuse qui consistera à mener des enquêtes afin de maitriser les lieux de culte, les écoles confessionnelles et leurs animateurs en vue de renforcer leurs capacités et de promouvoir le dialogue intra et inter – confessionnel, garantissant ainsi la paix et la quiétude sociale ;
- la promotion du dialogue intra et inter communautaire le long des frontières partagées par les Etats du G5 Sahel ;
- la promotion du dialogue politique, religieux et social à tous les niveaux avec l’appui des leaders religieux, acteurs politiques et la société civile ;
- l’élaboration d’un programme sur la prévention de l’extrémisme violent et le terrorisme à l’endroit des jeunes ;
- la promotion des activités sportives, artistiques et culturelles, civiles et militaires entre les pays du G5 Sahel ;
- le renforcement des capacités des communautés à lutter contre l’extrémisme et la radicalisation.
C. Les infrastructures
1) Justification
La sécurité et le développement dans l’espace du G5 Sahel sont aussi tributaires du niveau d’équipement en infrastructures dans les domaines des routes, de l’énergie, des aménagements hydrauliques et des télécommunications qui sont concentrés en général autour des grandes agglomérations urbaines au détriment des vastes zones à faible densité humaine. L’insuffisance de ces infrastructures freine le développement de cet espace.
Pour assurer le développement socioéconomique et l’intégration régionale dans l’espace du G5 Sahel, promouvoir les échanges internes et intra régionaux et faciliter la circulation des
personnes et des biens, les Etats se doivent d’investir dans le développement des infrastructures. Il s’agira à terme de créer des pôles de développement dans les zones frontalières, notamment par leur désenclavement par une jonction contrôlée avec le Maghreb et les autres régions africaines.
2) Objectifs
L’objectif fixé est de désenclaver la région du G5 Sahel au travers de la réalisation d’infrastructures de transport, d’assurer, de manière stable, un meilleur accès et une autonomie substantielle d’approvisionnement en énergie à l’échelle du G5 Sahel, de favoriser l’accès aux technologies de l’information et de la communication et de faciliter l’accès à l’eaupotable.
3) Actionsprioritaires
Les actions prévues sont :
- la réalisation des infrastructures ferroviaires reliant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad ;
- l’aménagement d’infrastructures routières pour desservir en priorité les zones enclavées ;
- la mise en œuvre du projet de la compagnie aérienne des pays du G5 Sahel et la réhabilitation d’aéroports secondaires ;
- l’électrification des zones rurales dans les cinq pays du G5 Sahel et l’interconnexion électrique entre eux ;
- la réalisation d’infrastructures hydrauliques pour l’alimentation en eau des populations, du cheptel et pour l’agriculture ;
- le désenclavement des zones éloignées par l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.
D. La résilience et le développement humain
1) Justification
Zone agro-sylvo-pastorale par excellence, l’espace du G5 Sahel présente des caractéristiques climatiques et écologiques qui exposent les populations à une très grande vulnérabilité. Ces contingences climatiques et écologiques se traduisent le plus souvent par des crises alimentaires et nutritionnelles, une dégradation de l’écosystème, une forte pression sur les ressources naturelles disponibles, une perte du capital productif des ménages (notamment le bétail) et un désœuvrement des populations, particulièrement des jeunes avec comme conséquences la délinquance multiforme, l’émigration et l’insécurité.
Dans le domaine du pastoralisme, d’importants changements, qu’ils soient climatiques, socioéconomiques, agro-écologiques ou institutionnels, sont en train de bouleverser les
systèmes pastoraux. Il est essentiel de renforcer la résilience des communautés pastorales en mettant en œuvre des actions appropriées qui garantissent des investissements stratégiques et qui permettent à terme d’éviter les crises et l’intensification des conflits. Ces actions devraient conduire à des systèmes plus productifs.
Le renforcement de la résilience passe également par une prise en compte du développement humain et l’accès des populations aux services sociaux de base, notamment l’alphabétisation, l’éducation, la santé et la formation professionnelle des jeunes.
2) Objectifs
L’axe résilience vise essentiellement le relèvement et le renforcement de la résilience des populations, surtout celles vivant dans les régions frontalières face aux effets néfastes des changements climatiques. Il s’agit de contribuer à l’amélioration durable de la situation alimentaire et nutritionnelle, à la gestion rationnelle, à la valorisation des ressources naturelles et à l’accroissement de la résilience des populations vulnérables aux effets des changements climatiques. Ces actions sont inscrites dans une perspective de réduction de la pauvreté et du renforcement de la participation des femmes et des jeunes afin de favoriser leur contribution au développement.
En termes d’objectifs stratégiques, le G5 Sahel s’aligne sur les objectifs de l’Alliance Globale pour l’Initiative Résilience (AGIR) dont les Etats membres sont parties prenantes. C’est donc dans le cadre d’AGIR et dans le respect de ses objectifs et approches, que la Stratégie inscrit ses actions.
Pour l’appui au pastoralisme, le G5 Sahel s’approprie les déclarations de N’Djamena (27 et 29 mai 2013) et de Nouakchott (29 octobre 2013) qui ont fait d’importantes recommandations portant respectivement sur une contribution durable au développement et à la sécurité des espaces sahélo-sahariens.
3) Actionsprioritaires
Les actions retenues sont:
- l’appui à l’amélioration de la productivité des moyens d’existence des populations rurales des régions transfrontalières ;
- l’appui à la sécurisation foncière, à la prévention et à la gestion des conflits fonciers ruraux ;
- l’appui à la défense et à la restauration des terres agricoles;
- la contribution à la lutte contre l’ensablement et la protection des cours d’eau (fleuveNiger, fleuve Sénégal et lac Tchad) en complément aux actions de l’ABN, de l’OMVS etde la CBLT;
- le soutien au pastoralisme résilient ;
- l’appui à l’amélioration de la santé animale dans les zones de transhumance transfrontalière ;
- l’appui à la gestion rationnelle et à la valorisation des ressources naturelles face au changement climatique ;
- la contribution au développement des opportunités économiques en créant des emplois décents au profit des jeunes et des femmes ;
- l’appui à l’amélioration de la couverture et de la qualité de l’offre médicale dans toutes ses dimensions particulièrement dans les zones enclavées ;
- l’appui à l’amélioration de l’accès et de l’équité, à l’éducation et à la formation des jeunes vivant dans les zones transfrontalières aux petits métiers ;
- le renforcement des capacités des acteurs impliqués dans la résilience ;
- l’appui à l’élaboration du plan de contingence de sécurité alimentaire au niveau local etcommunautaire.
II. Les risques
Les principaux risques qui peuvent surgir et compromettre l’atteinte des résultats escomptés ont été identifiés et doivent faire l’objet de veille stratégique. Il s’agit de :
1). Risque sécuritaire : La situation sécuritaire dans certains pays environnants de l’espace du G5 Sahel constitue des menaces qui pourraient compromettre sérieusement la mise en œuvre de la Stratégie pour le Développement et la Sécurité du G5 Sahel.
2). Risque lié à l’instabilité politique : La paix, la sécurité et le développement ne sont envisageables sans la mise en place d’institutions garantissant la stabilité politique et le respect des droits humains et des libertés individuelles. La paix et la stabilité politique sont des facteurs importants pour attirer les investisseurs étrangers et garantir une bonne exécution de la SDS du G5 Sahel.
3). Risque lié à l’insuffisance de leadership et à la faible adhésion des acteurs : Les Etats du G5 Sahel doivent réaffirmer leur volonté et leur engagement politique à conduire le processus d’élaboration et de mise en œuvre de la SDS du G5 Sahel. Les plus hautes instances des Etats ont un rôle important à jouer, à la fois dans les orientations et dans la dynamique du processus participatif. Les chances de réussite de la mise en œuvre de cette stratégie tiennent à la fois auleadership régional et national, à la capacité et à la volonté de l’ensemble des acteurs à agir de manière concertée et avec plus de synergie à tous les niveaux.
4). Risque financier : Le schéma de financement de la Stratégie prévoit des contributions internes et externes alors que la tendance actuelle est à une contraction des flux d’aide en direction des pays en développement, notamment africains. Par ailleurs, les procédures de mobilisation des ressources externes demeurent assez lourdes en dépit des efforts accomplis dans le cadre de la recherche mutuelle de l’efficacité de l’aide. Enfin, la capacité des pays du G5 Sahel à mobiliser des ressources internes reste insuffisante par rapport aux besoins pressants de développement des pays.
5). Risque lié à la conjoncture internationale et régionale : Les pays du G5 Sahel ont une économie très ouverte sur le reste du monde dont ils dépendent pour l’exportation et
l’importation de produits essentiels à leur développement. La détérioration des termes de l’échange de ces produits de base (pétrole, or, fer, coton, uranium, etc.) continue d’être pour ces pays un handicap au niveau du commerce international. Parallèlement, les ressources financières résultant des transferts des migrants et de l’aide publique au développement connaissent une réduction significative en raison des crises qui frappent certains pays développés.
6). Risque lié aux aléas climatiques : Le réchauffement de la planète et les variabilités climatiques sont des réalités comme le démontrent les inondations et autres sécheresses de ces dernières années. En outre, les programmes d’adaptation envisagés bénéficient de très peu de financement.
Chapitre 4 : Cadre institutionnel, mécanisme de suivi – évaluation et communication sur la stratégie
I.
Cadre institutionnel
La mise en œuvre de la SDS repose sur les différents organes statutaires du G5 Sahel définis dans la Convention portant création du G5 Sahel. Il s’agit de la Conférence des Chefs d’Etat, du Conseil des Ministres, du Secrétariat Permanent, du Comité de défense et de sécurité et des Comités Nationaux de Coordination.
1) LaconférencedesChefsd’Etat
La Conférence des Chefs d’Etat composée de tous les Chefs d’Etat membres est l’organe suprême du G5 Sahel. Elle est l’organe de décision et fixe les grandes orientations et les options stratégiques. Elle assure également la tutelle politique et la gestion des interfaces politiques de toutes les actions de développement et de sécurité des pays du G5 Sahel. Elle se réunit en session ordinaire tous les deux ans.
2) LeConseildesMinistres
Le Conseil des Ministres qui réunit les ministres en charge du Développement, est l’organe statutaire de mise en œuvre de la politique du G5 Sahel, telle que définie par la Conférence des Chefs d’Etat et assure le pilotage et l’impulsion stratégiques. Le Conseil des Ministres se réunit deux (2) fois par an. La Présidence est assurée par le ministre de tutelle du pays assurant la présidence de la Conférence des Chefs d’Etat. D’autres ministres sectoriels peuvent être associés aux travaux du Conseil.
3) LeSecrétariatPermanent
Le Secrétariat Permanent est une structure légère chargée de veiller à la mise en œuvre de la Stratégie pour le Développement et la Sécurité et d’en assurer le suivi et l’évaluation. Elle a aussi pour mission de mettre en œuvre la stratégie de mobilisation des ressources financières pour le financement de la SDS.
Le Secrétariat Permanent est la cheville ouvrière du dispositif. Il comprend une équipe d’experts multisectoriels et s’appuie sur les Comités Nationaux de Coordination. Les Comités Nationaux de Coordination à travers leurs Experts sectoriels devront rédiger périodiquement des rapports sur l’état de mise en œuvre de la SDS.
4) LeComitédedéfenseetdesécurité
Le Comité de défense et de sécurité regroupe les Chefs d’Etat-major et les responsables de sécurité dûment mandatés et est en charge des questions de sécurité des pays membres du G5
Sahel. Il est présidé par le Chef d’Etat-major Général des Armées du pays qui assure la présidence du G5 Sahel.
5) Les Comités Nationaux de Coordination
Dans chaque pays membre du G5 Sahel, il est mis en place un Comité National de coordination placé sous la tutelle du ministre de tutelle du G5 Sahel. Le Comité national de coordination est composé d’experts nationaux sectoriels qui sont chargés du suivi de la mise en œuvre des programmes et projets dans leurs secteurs respectifs.
II. Mise en œuvre de la SDS
La SDS sera principalement mise en œuvre à travers le Programme d’Investissements Prioritaires (PIP). Les Etats membres en collaboration avec les Partenaires Techniques et financiers du développement, le secteur privé et les organisations de la société civile impliquées dans la mise en œuvre des différents axes stratégiques exécutent le PIP à travers ses programmes et projets sectoriels et produisent des rapports de suivi destinés à informer sur le déroulement des activités de sécurité et de développement.
III. Suivi de la SDS
1) Objectifsdusuivi-évaluation
Conformément aux principes de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’Aide Publique au Développement, le système de suivi – évaluation répondra aux exigences de la Gestion Axée sur les Résultats (GAR).
Les opérations de suivi auront pour objectifs d’identifier les tendances et les schémas qui se dessinent, d’adapter la Stratégie et de guider la prise de décisions relatives à la gestion des programmes. Elles se feront à travers la collecte et l’analyse systématique de l’information pour suivre les progrès réalisés par rapport aux plans établis et vérifier leur conformité avec les normes établies. Le suivi devrait être participatif, c’est-à-dire qu’il convient d’y associer les parties prenantes clés.
L’évaluation de la SDS aura pour but d’avoir une appréciation systématique et objective des programmes, de leur conception, de leur mise en œuvre et de leurs résultats. Le but est de déterminer la pertinence et l’accomplissement des objectifs, l’efficience en matière de développement, l’efficacité, l’impact et la durabilité. Elle devrait fournir des informations crédibles et utiles permettant d’intégrer les leçons de l’expérience dans le processus de décision. Cela permettra de mettre en évidence les effets de ce qui a été réalisé, de mener une réflexion sur ces effets et d’en estimer la valeur. Les constatations auxquelles elles aboutissent permettront aux différentes parties prenantes de tirer des enseignements et d’améliorer les interventions futures.
2) Dispositifdesuivi-évaluation
Le dispositif de suivi-évaluation de la Stratégie pour le Développement et la Sécurité comprend :
- au niveau régional, le Secrétariat Permanent à travers sa structure interne de suivi- évaluation ;
- au niveau des Etats membres, les Comités Nationaux de Coordination, les services de suivi- évaluation des ministères techniques en charge des programmes et projets, les unités de gestion des projets à différents niveaux ;
- les partenaires techniques et financiers selon leurs procédures en harmonie avec les Etats membres et le G 5 Sahel.
A terme, le Secrétariat Permanent du G5Sahel se dotera d’un guide de suivi-évaluation, pour un meilleur suivi dans le temps et dans l’espace des indicateurs consensuels retenus.
IV. Communication autour de la Stratégie
La communication constitue un des facteurs clés et stratégiques pour susciter et accompagner les initiatives de développement et de sécurité. Dans le contexte actuel du G5 Sahel, toute stratégie de communication doit tenir compte des objectifs de développement et de sécurité et mettre en place des outils de communication adéquats pour atteindre les changements souhaités dans les connaissances, les attitudes et les comportements des individus et groupes concernés.
1) Objectifglobal
L’objectif général est de contribuer à mettre en place un dispositif/système d’information, de formation et de sensibilisation en direction de l’ensemble des parties prenantes sans exclusive, en vue de vulgariser les résultats et de susciter leur pleine participation au processus de mise en œuvre et du suivi de la SDS.
2) Objectif spécifique
De façon spécifique, il s’agira de faciliter l’accès aux informations de qualité avec des contenus multimédias susceptibles d’influencer positivement les conditions de vie des populations sahéliennes toutes couches sociales confondues et impulser le développement et la sécurité.
Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire d’organiser des campagnes de sensibilisation visant toutes les populations cibles.
Les réseaux traditionnels (chefs coutumiers et religieux, leaders communautaires), les radios de proximité et les nouvelles technologies de l’information seront mis à contribution.
Conclusion
La construction d’un environnement paisible, sécurisé et stable de développement et d’épanouissement individuel et collectif des populations sur l’ensemble de l’espace des pays du G5 Sahel est un impératif.
Les enjeux sont de taille, car ils participent de la cohésion des communautés et des perspectives de développement économique et social comme remparts fortifiés contre la pauvreté, l’insécurité alimentaire, le faible accès aux services sociaux de base et l’insécurité.
La Stratégie pour le Développement et la Sécurité du G5 Sahel est sans conteste, une manifestation de l’exercice de conscience politique des Etats, face aux grands défis qui se posent dans la construction de nations plus fortes économiquement, plus solidaires socialement, plus rayonnantes culturellement et irréversiblement ancrées dans les valeurs de paix, de démocratie, de justice et de respect de la dignité humaine.
La SDS du G5 Sahel est également un appel à tous les partenaires au développement et à toutes les parties prenantes à la résolution de la problématique de sécurité et de développement à conjuguer leurs efforts dans cette dynamique de mobilisation contre la pauvreté et l’insécurité.
Les efforts à consentir sont certes immenses, mais ils sont à la mesure des besoins des populations et des attentes des acteurs économiques et sociaux dont les investissements et les diverses interventions constituent des opportunités majeures pour le bien être individuel et collectif.
Au regard des axes prioritaires qui soutiennent cette stratégie, elle présente un caractère intégré dans la prise en charge de la problématique de développement et de sécurité.
Elle cible la question fondamentale de la sécurité dans un contexte régional et transfrontalier et la traite dans une optique de prévention et de gestion de toutes les situations d’insécurité.
La SDS du G5 Sahel met aussi l’accent sur la réalisation des infrastructures favorables à l’accélération de l’intégration économique régionale, la résilience et le développement humain pour contrer les aléas de l’insécurité alimentaire et la promotion de la gouvernance dans toutes ses dimensions.
La finalité de la SDS est de lutter contre l’expansion de l’économie criminelle en réduisant significativement la pauvreté et en agissant sur les domaines qui influencent positivement le développement économique et social.
Ensemble, conjuguons nos efforts pour faire des pays du G5 Sahel, un espace de paix, de prospérité et de concorde