C’est l’histoire d’un projet de verger qui a mal tourné. Il y a quelques années, un groupe d’amis se lança dans la plantation de manguiers et de citronniers.
Mais une fois arrivés à maturité, les arbres du verger avaient un rendement si faible que les membres du groupement des arboriculteurs-éleveurs (Gael) conclurent, découragés, qu’ils ne rentreraient jamais dans leurs frais. C’est alors qu’un bon génie leur conseilla de tenir bon une année encore et d’implanter quelques ruches traditionnelles dans les manguiers. Le résultat les surprit tous. La production des arbres fit un bond. Les ruches se remplirent de miel. Nous sommes en 2008, au tout début de l’aventure de la coopérative du Gael.
L’or blond du Gael
Une ONG française ayant eu vent de cette petite success-story se propose alors d’aider la société en lui offrant 25 ruches kényanes. L’expérience est concluante, et les heureux échos provenant du Gael se répandent dans la vallée du Mandoul, où nombre d’éleveurs et d’agriculteurs s’adonnent déjà à la récolte de miel en complément d’activité. Plusieurs groupements villageois demandent à adhérer à la coopérative, qui, contre une cotisation de 10 000 F CFA (environ 15 euros), leur offre formation et équipement : chaque producteur reçoit quelques ruches pour améliorer sa production, une combinaison et un enfumoir – lequel permet d’éviter l’odeur âcre qui persiste dans le miel avec la méthode traditionnelle de récolte.
Leur rayon d’action couvre désormais 120 km autour de Koumra
Dans les villages, c’est l’émulation. Des campagnes d’achat de miel sont organisées. Les paiements se font en cash, ce qui rappelle la belle époque du coton, quand « l’or blanc » se négociait directement auprès des producteurs. Et les collecteurs du Gael vont de plus en loin pour acheter toujours plus d’or blond. Leur rayon d’action couvre désormais 120 km autour de Koumra, et la production est passée de 2 tonnes en 2012 à 15,5 t en 2015. La coopérative compte aujourd’hui 525 adhérents, qui se réjouissent de ne plus être soupçonnés de braconnage par les agents des Eaux et Forêts. « Il suffit de leur montrer notre carte d’adhésion à la coopérative, et ils savent que nous n’avons pas détruit la nature pour récolter notre miel », témoigne Paul Ngarbaye.
C’est à l’entrée sud de Koumra (en venant de la capitale), dans un vaste domaine de 12 ha planté de manguiers et de karités, que le miel collecté dans toute la région arrive sous sa forme brute, transporté en bidons.
Source : Jeune Afrique